Hypothyroïdie congénitale : évolution à long terme chez le jeune adulte.

Publié le 12 mai 2015
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : le dépistage néonatal systématique de l'hypothyroïdie congénitale (HC) a permis d'améliorer le pronostic des patients dépistés, depuis sa généralisation en France en 1979. Objectifs : cette étude avait pour objectif d'évaluer l'état de santé et les caractéristiques sociodémographiques des jeunes adultes traités pour HC depuis la période néonatale. Méthodes : tous les patients (n=1 748) dépistés lors de la première décennie suivant l'introduction du dépistage néonatal en France ont été sélectionnés pour l'étude. Ils étaient invités à compléter un questionnaire standardisé ; 70% (n=1 202) de la cohorte initiale ont répondu ; leur âge médian était de 23,4 ans. Les résultats ont été comparés à une population de référence (n=5 817) issue de l'Enquête décennale santé 2003. Résultats : la majorité des patients présentait un état de santé et une intégration sociale satisfaisants. Néanmoins, comparés à la population de référence, les patients ont déclaré une proportion plus élevée de maladies chroniques associées (5,7% vs. 2,9%), de baisse auditive (9,5% vs. 2,5%), de problèmes visuels (55,4% vs. 47,9%), ainsi que davantage de surpoids et d'obésité (22,8% vs. 15,7%). La proportion de patients atteignant le niveau socioéconomique le plus élevé et avec un emploi à temps plein était légèrement moindre, respectivement de 14,6% vs. 23,1% et 39,9% vs. 44,8% (p<0,0001). Ils étaient plus nombreux à vivre encore chez leurs parents et avaient une qualité de vie légèrement inférieure sur le plan de la composante mentale. Les facteurs qui altéraient le niveau d'études atteint et la qualité de vie étaient la sévérité initiale de l'affection, la persistance d'une hypothyroïdie à l'âge adulte, liée le plus souvent à une observance insuffisante du traitement, la présence d'une maladie chronique associée, l'existence d'une baisse de l'audition et d'une obésité. Conclusion : un traitement et une prise en charge optimales depuis la période néonatale, l'identification précoce d'une éventuelle comorbidité et des stratégies éducatives pour améliorer une adhésion thérapeutique au long cours, particulièrement au moment de l'adolescence et de la période de transition vers la prise en charge en secteur adulte, devraient améliorer le pronostic à long terme.

Auteur : Leger J, Dos Santos S, Ecosse E
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2015, n°. 15-16, p. 248-53