Questions soulevées par le premier cas d'importation de fièvre hémorragique virale en France (novembre 2004)

Publié le 1 août 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Le premier cas importé de fièvre hémorragique virale (FHV) a été documenté en France en novembre 2004. En réanimation médicale, la patiente a été isolée en chambre seule, sans pression négative. Les précautions standard de soins ont été observées, associées au port de masques standard, mais sans contre-indication des visites ni précautions surajoutées vis-à-vis des prélèvements sanguins. Cependant, les mesures d'isolement ont-elles été suffisantes ? Le risque, non pris en compte dans ce cas, est celui de la transmission du virus des FHV par les gouttelettes de sécrétions respiratoires, notamment en cas d'infection avancée. Aucun cas humain d'infection par ce mode de transmission n'a été documenté au cours des nombreuses épidémies étudiées depuis celle de Lassa, survenue dans un hôpital au Nigéria en 1970. En France, le système d'alerte et de prise en charge médicalisée des cas prouvés ou suspects de FHV est bâti autour du nouveau système de déclaration obligatoire et d'un rapport du Haut Comité de Santé Publique de France (HCSPF) publié en 2001. Les signes cliniques de FHV sont inconstants et aspécifiques au stade précoce, et un grand nombre de cas de FHV pourraient être asymptomatiques. En pratique, le strict respect des mesures préconisées par le rapport du HCSPF dans tous les cas où les FHV sont un des diagnostics possibles est difficilement applicable dans un service d'urgences ou dans les consultations des services de maladies infectieuses, qui sont surchargés et où sont vus des milliers de patients pouvant répondre à ces descriptions cliniques. La virulence des pathogènes responsables des FHV laisse peu de place à l'erreur, et la prise en compte des données expérimentales sur la transmission aérienne chez le primate pour la prévention de la transmission interhumaine est une mesure de bon sens. Cependant, la lourdeur des procédures les rend inapplicables dans la plupart des cas où les FHV figurent parmi les diagnostics suspects. L'accumulation depuis dix ans de données sur les FHV importées et la confrontation des recommandations au premier cas d'importation de FHV justifie la réactualisation du rapport du HCSPF - comme cela avait d'ailleurs été très justement prévu. Les cliniciens bénéficieraient de recommandations claires et réalistes de prise en charge des cas suspects ou prouvés de FHV, comme il en existe dans d'autres pays européens.

Auteur : Tarantola A, Tattevin P
La Lettre de l'infectiologue, 2006, vol. 21, n°. 4, p. 173-6