Modélisation de l'impact de la vaccination sur l'épidémiologie de la varicelle et du zona

Publié le 1 octobre 2008
Mis à jour le 6 septembre 2019

Position du problème - La disponibilité prochaine d'un vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle a relancé le débat sur la vaccination généralisée contre la varicelle du nourrisson. En France, on estime le nombre de cas de varicelle à environ 700 000 par an, conduisant à environ 3500 hospitalisations et 15-25 décès, la majorité des décès survenant après l'âge de 15 ans. La vaccination généralisée des nourrissons devrait réduire l'incidence de la maladie mais pourrait s'accompagner d'un déplacement de l'âge des cas avec une augmentation du nombre de formes sévères et de varicelles congénitales. Pour aider à la décision, un modèle mathématique dynamique a été développé pour estimer l'impact de la vaccination sur l'épidémiologie de la varicelle et du zona. Méthodes - Un modèle compartimental de type déterministe a été adapté aux données françaises. Les données épidémiologiques sont issues des données de surveillance ou de la littérature. Différentes couvertures et stratégies vaccinales ont été testées. Une analyse de sensibilité a été réalisée pour mesurer l'impact épidémiologique de différentes matrices de taux de contact et de variations des paramètres décrivant l'efficacité du vaccin. Résultats - Le modèle confirme la réduction de l'incidence de la varicelle par la vaccination généralisée des nourrissons. Quelle que soit la couverture ou la stratégie vaccinale, la vaccination devrait également s'accompagner d'un déplacement de l'âge des cas avec, pour des couvertures vaccinales inférieures, dans l'analyse de base, à au moins 80 %, une augmentation de la morbidité chez l'adulte et la femme enceinte. Pour autant, les nombres totaux de décès et d'hospitalisation liés à la varicelle devraient être inférieurs à ceux observés avant vaccination. Le nombre de cas de zona devrait augmenter pendant une trentaine d'années avant de baisser en dessous des niveaux observés sans vaccination. Le modèle est très sensible aux choix des matrices de contacts et aux paramètres décrivant l'efficacité du vaccin utilisé. Conclusion - La vaccination généralisée des nourrissons entraînerait une baisse de l'incidence de la varicelle, mais aussi une augmentation des cas chez l'adulte dont l'ampleur réelle est difficile à établir, de par l'incertitude sur la valeur de certains paramètres-clés du modèle.

Auteur : Bonmarin I, Santa Olalla P, Levy Bruhl D
Revue d'épidémiologie et de santé publique, 2008, vol. 56, n°. 5, p. 323-31