Gestion d'une épidémie hospitalo-communautaire de rougeole au CHU de Reims, janvier-mars 2008

Publié le 20 octobre 2009
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction - Le 11 février 2008, la déclaration de 3 cas de rougeole survenus chez des résidents de l'agglomération de Reims déclenchait une investigation afin de documenter l'épisode, évaluer son ampleur et mettre en place les mesures de contrôle adaptées. Méthodologie - Une recherche active des cas était entreprise auprès de l'ensemble des médecins exerçant à Reims (libéraux, scolaires, hospitaliers, Samu). La définition d'un cas clinique de rougeole était celle de l'OMS. La confirmation biologique était effectuée par la mise en évidence d'IgM spécifiques, d'une séroconversion IgG ou par la recherche de l'ARN viral à partir de prélèvements sériques ou salivaires. Un génotypage et une analyse phylogénétique ont été réalisés. Les données cliniques et épidémiologiques ont été recueillies pour chaque cas. Au CHU de Reims, une cellule de crise a été constituée afin de décider au cas par cas de la conduite à tenir pour les patients et les soignants contacts. Résultats - Entre le 21 janvier et le 25 mars 2008, 19 cas de rougeole dont 6 nosocomiaux ont été recensés à Reims et dans son agglomération. Ils concernaient 11 adultes (19-46 ans) et 8 enfants (7 mois-14 ans). Parmi les 8 enfants, 3 n'étaient pas vaccinés et 2 n'avaient reçu qu'une dose de vaccin. Parmi les 11 adultes, 7 étaient éligibles pour la vaccination. Dix cas ont été hospitalisés ou ont consulté aux urgences et 3 d'entre eux ont présenté des complications. Une chaîne de transmission de 15 cas a été identifiée, correspondant à 3 générations de cas. Le même génotype D4 était identifié chez 9 cas sur 15 alors que le génotype D5 était trouvé chez un cas communautaire isolé. Discussion - Cet épisode a mis en évidence l'intérêt d'une surveillance exhaustive de la rougeole en France pour la détection de cas groupés et la nécessité d'effectuer un diagnostic virologique rapide. À ce titre, l'utilisation des kits salivaires de détection des IgM a montré une très grande utilité. Des difficultés de contrôle dans la survenue des cas ont toutefois été constatées. Il est à noter que les adolescents et adultes jeunes non vaccinés et n'ayant pas rencontré le virus (en particulier au sein du personnel hospitalier, y compris les stagiaires) constituent actuellement un réservoir de sujets réceptifs pouvant être à l'origine de foyers épidémiques. L'actualisation récente des recommandations vaccinales en a, par ailleurs, tenu compte.(R.A.)

Auteur : Bureau Chalot F, Brodard V, Oud N, Touche S, Bajolet O, Abely M, de Champs C, Andreoletti L, Alsibai S, Meffre C, Parent du Chatelet I, Leveque N
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2009, n°. 39-40, p. 427-30