Épidémiologie de l'infection à papillomavirus humains chez les femmes âgées de 20 à 65 ans résidant dans des communes isolées de Guyane française : adapter l'action au territoire

Publié le 18 octobre 2016
Mis à jour le 6 septembre 2019

Contexte : le cancer du col de l'utérus est le deuxième cancer féminin le plus fréquent en Guyane française. Des études ont montré que les populations résidant dans les communes isolées de l'intérieur du département débutent leur vie sexuelle de façon précoce et que le multipartenariat sexuel y est fréquent. Dans ce contexte, l'objectif principal de cette étude était de déterminer la prévalence de l'infection à papillomavirus humains (HPV) dans ces zones. Méthodes : cette étude transversale multicentrique a été conduite auprès des femmes âgées de 20 à 65 ans résidant dans les communes isolées des fleuves Maroni et Oyapock. Les femmes étaient incluses sur la base du volontariat après avoir été informées du passage de l'équipe de l'étude via la radio locale et par les leaders d'opinion. La recherche d'infection à HPV et les analyses cytologiques ont été réalisées sur chaque prélèvement. L'infection à HPV était définie par la détection d'ADN viral par le kit de dépistage Greiner Bio One®. Les analyses cytologiques ont été décrites selon la classification de Bethesda 2001. Résultats : au total, 643 femmes ont été incluses. La prévalence de l'infection à HPV, standardisée sur l'âge, était de 35%. La courbe de prévalence par classe d'âge présentait une forme en U : les femmes de plus de 50 ans avaient le plus haut risque d'être infectées par HPV, suivies par les femmes âgées de 20 à 29 ans. Par ailleurs, 26,1% des femmes ayant un frottis normal étaient infectées par le HPV. Les génotypes les plus fréquents étaient HPV52, HPV58 et HPV16. Sur les frottis interprétables, 1,16% des femmes avaient des lésions de haut grade (type HSIL). Conclusions : le taux standardisé de prévalence de l'infection par le HPV en Guyane est parmi les plus élevés au monde. Les lésions cytologiques de type HSIL étaient près de 4 fois plus fréquentes qu'en Île-de-France. Étant donné l'importance de l'incidence du cancer du col de l'utérus en Guyane, ces résultats montrent qu'il est peut être préférable d'utiliser le test HPV plutôt que la cytologie. La vaccination anti-HPV, de préférence avec le nouveau vaccin nonavalent, semble être une mesure de prévention appropriée. Pour autant, cela reste un challenge de mettre en oeuvre ces interventions dans cette région où une part importante de la population n'a pas d'assurance maladie.

Auteur : Dufit V, Adenis A, Douine M, Najioullah F, Kilie O, Molinie V, Catherine D, Thomas N, Deshayes JL, Brousse P, Carles G, Lacoste V, Cesaire R, Nacher M
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 34, p. 588-97