Situation du sida dans la population étrangère domiciliée en France

Publié le 1 avril 1999
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'objectif de ce rapport est de décrire les éventuelles spécificités existant chez les sujets de nationalité étrangère atteints du Sida, et plus particulièrement celles concernant leurs caractéristiques socio-démographiques et cliniques au cours du temps (sexe, âge, mode de contamination, région de domicile, catégorie socio-professionnelle, pathologies) ainsi que leur accès au dépistage et leur prise en charge thérapeutique. Les données sont celles de la surveillance du Sida (déclarations obligatoires centralisées au niveau national par l'Institut de Veille Sanitaire) chez les adultes de nationalité étrangère domiciliés en France et diagnostiqués entre 1978 et le 30 juin 1998. Les différentes nationalités sont regroupées selon 8 zones géographiques : l'Afrique du Nord, l'Afrique sub-saharienne, Haïti, le reste du continent américain, l'Asie, l'Europe (hors France), l'Océanie et l'ex-URSS. Au 30 juin 1998, 14 % des cas de Sida déclarés depuis le début de l'épidémie concernent des sujets de nationalité étrangère domiciliés en France (6 571 / 46 973), proportion en augmentation depuis juin 1996. Parmi les étrangers atteints de Sida, 2 068 sujets ont pour "nationalité" l'Afrique sub-saharienne, 1543 l'Afrique du Nord, 1298 l'Europe, 809 Haïti, 559 le continent américain (hors Haïti), 278 l'Asie, 11 l'Océanie et 5 l'ex-Union Soviétique. Les sujets de nationalité étrangère vivant en France sont globalement 2 fois plus touchés par le Sida que les sujets de nationalité française, mais le poids de l'épidémie varie beaucoup selon les nationalités. Les femmes étrangères, toutes nationalité confondues, sont 3,5 fois plus touchées que les femmes françaises. Le mode de contamination des sujets de "nationalité" nord-africaine est surtout lié à l'usage de drogues par voie intraveineuse (45 % des cas cumulés depuis le début de l'épidémie), mais la proportion de cas dûs à ce mode de contamination tend à diminuer au cours du temps. Chez les sujets d'Afrique sub-saharienne et haïtiens, la transmission hétérosexuelle est majoritaire (respectivement 89 % et 92 % des cas cumulés). Les étrangers atteints de Sida sont de façon plus fréquente que les français sans emploi (35 % versus 20 %) ou ouvriers (22 % versus 13 %). A l'opposé, les proportions d'artisans, de cadres, de professions intermédiaires et d'employés sont moindres chez les étrangers. Parmi les sujets diagnostiqués en 1997, 56 % des étrangers ne connaissaient pas leur statut sérologique au moment du diagnostic du Sida contre 38 % des sujets de nationalité française. Parmi ceux connaissant leur séropositivité au moment du diagnostic du Sida, on constate aussi une différence quant à la prise d'un traitement antirétroviral : 65 % des étrangers versus 53 % des Français n'ont pas bénéficié d'un traitement antirétroviral avant le diagnostic de Sida. Même si l'analyse ne concerne que les sujets étrangers et non l'ensemble de la population immigrée, et si les données sont celles du Sida et non de l'infection à VIH, ce rapport permet de mettre en évidence des caractéristiques particulières pour les étrangers atteints de Sida, et notamment leur moindre recours à un dépistage et à une prise en charge de la séropositivité. Néanmoins, la prise en charge de l'infection au stade du Sida semble similaire à celle des sujets français. (R.A.)

Auteur : Savignoni A, Lot F, Pillonel J, Laporte A
Année de publication : 1999
Pages : 16 p.