Les médecins généralistes face au dépistage du VIH : nouveaux enjeux, nouvelles pratiques?

Publié le 1 janvier 2011
Mis à jour le 6 septembre 2019

Dès l'apparition en 1985 des premiers tests de sérodiagnostic de l'infection par le VIH, la stratégie de dépistage a été un enjeu central des politiques de lutte contre le sida. Il s'agissait alors d'assurer la sécurité transfusionnelle, de favoriser l'adoption d'un comportement préventif ajusté au statut sérologique, mais aussi de prévenir le risque de discrimination. En l'absence de traitement efficace de cette maladie rapidement fatale, le dépistage systématique a été écarté et le dépistage volontaire privilégié par un encadrement strict de la réalisation du test, la gratuité et la mise sur pied d'un réseau de centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG). Dans ce cadre, le dépistage est considéré comme un acte médico-social et éducatif visant à permettre à chacun de lever le doute sur son statut sérologique et de responsabiliser la personne par rapport aux comportements à risque par une démarche d'information et de conseil personnalisé. Il est ainsi principalement conçu comme un acte individuel avec une double visée diagnostique et préventive. La mise au point de traitements efficaces a conduit à accentuer les campagnes en faveur du dépistage à partir de 1997, en conservant la prééminence du caractère volontaire du test. Avec cinq millions de tests VIH réalisés chaque année, la France enregistre une activité de dépistage importante qui la place en tête des pays européens. Malgré cette forte activité, un certain retard au diagnostic persiste avec un risque accru de morbidité sévère ou de décès pour les personnes prises en charge tardivement. En 2008, la proportion de patients diagnostiqués avec un taux de CD4 inférieur à 200/mm³ était de 29 %, avec des variations importantes selon les groupes : 39 % pour les hommes hétérosexuels, 29 % pour les femmes hétérosexuelles et 18 % pour les hommes homosexuels. Par ailleurs, on estime aujourd'hui à environ 50 000 [32 000 ; 68 000] le nombre de personnes qui ne connaîtraient pas leur infection par le VIH ou qui ne sont pas suivies.[extrait chapitre]

Auteur : Lert France, Lydie Nathalie, Richard Jean-Baptiste
Année de publication : 2011
Pages : 137-154
Collection : Baromètres santé