Les collectifs de patients dans le champ du sida et de la toxicomanie

Publié le 1 avril 2004
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'ampleur de la mobilisation collective suscitée par l'épidémie de sida a été soulignée maintes fois. En raison d'une logique de diffusion sélective, l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) n'a pas seulement déclenché l'action des malades et de leurs proches, comme c'est habituellement le cas dans le domaine des maladies, mais aussi celle des deux " groupes sociaux " les plus affectés : les homosexuels masculins et les usagers de drogues. Existant depuis près d'un siècle, les collectifs de " malades " recouvrent des configurations diversifiées, qui vont des groupes consensuels se développant dans les années 1930 aux groupes plus contestataires émergeant au cours des années 1970. Nous montrerons ici comment, dans les champs du sida et de la toxicomanie, ces collectifs d'usagers se sont multipliés au travers de choix d'identifications publiques différenciées. Dans le domaine de la lutte contre le sida, coexistent toutes les formes de mobilisation que l'on trouvait déjà préalablement dans le champ des maladies. Dans le domaine de l'usage de drogues, les logiques d'action sont moins diversifiées et se partagent en deux grandes catégories : groupes d'intérêt et self-help groups (groupes d'entraide).

Auteur : Broqua C, Jauffret Roustide M
Médecine sciences, 2004, vol. 20, n°. 4, p. 475-9