Emergence de la lymphogranulomatose vénérienne rectale en France, 2004-2005

Publié le 20 juin 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

La lymphogranulomatose vénérienne (LGV) est une infection sexuellement transmissible (IST) causée par Chlamydiae trachomatis (CT) serovar L1, L2 ou L3. Fréquente en zone tropicale, cette infection se manifeste le plus souvent sous la forme d'une adénite inguinale satellite du chancre initial qui peut passer inaperçu. Elle se traduit parfois par une rectite aiguë, en particulier chez les patients masculins ayant des rapports sexuels avec des hommes. En décembre 2003, une alerte européenne émanant du Réseau européen de surveillance des IST (ESSTI) faisait état de 15 cas groupés de LGV rectale dues à CT serovar L2 et qui avaient été diagnostiquées durant l'été 2003 dans la ville de Rotterdam. Ces LGV affectaient exclusivement des patients masculins ayant des rapports sexuels avec des hommes dont 13 étaient séropositifs pour le VIH. Ces patients signalaient avoir eu des rapports sexuels non protégés avec différents partenaires anonymes dans différents pays européens dont la France. En mars 2004, une première investigation conduite par l'Institut de veille sanitaire en collaboration avec trois laboratoires de microbiologie parisiens et le Centre national de référence (CNR) des infections à Chlamydiae (Université Bordeaux II) a retrouvé rétrospectivement des cas de LGV rectale en France. Parmi 44 échantillons rectaux positifs à CT isolés chez des patients masculins dans l'un des quatre laboratoires participants, 38 (86 %) ont été identifiés comme appartenant au type L2 confirmant le diagnostic de LGV rectale. L?enquête épidémiologique menée auprès des médecins ayant prescrit la recherche de CT chez ces patients a permis de retracer l'histoire clinique de 14 de ces 38 cas. Le profil des patients était similaire à celui des patients néerlandais. Tous ces patients masculins avaient eu des rapports sexuels avec des hommes, 8 (57 %) étaient infectés par le VIH et 9 (64 %) avaient une autre IST au moment du diagnostic. Ils étaient tous symptomatiques avec des signes de rectite aiguë parfois sévère. Par ailleurs, le délai moyen entre le début des signes cliniques et le diagnostic de rectite à chlamydiae avait été très long (50 jours) indiquant que ce diagnostic n'avait pas été évoqué immédiatement. Afin de suivre l'évolution de cette émergence et de caractériser les populations atteintes, un système de surveillance prospectif et sentinelle de la LGV rectale en France a été instauré en avril 2004.

Auteur : Herida M, de Barbeyrac B, Lemarchand N, Scieux C, Sednaoui P, Kreplak G, Clerc M, Juguet F, Bendenoun M, Janier M, Dupin N, Semaille C
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2006, n°. 25, p. 180-2