La syphilis à Montpellier de 2002 à 2011. Enquête dans le service de dermatologie du CHRU et au CDAG-CIDDIST

Publié le 1 septembre 2015
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : dans un contexte de recrudescence de la syphilis en France depuis les années 2000, nous avons réalisé une étude rétrospective dans deux structures différentes de prise en charge de la syphilis à Montpellier : le service de dermatologie du centre hospitalier régional universitaire (CHRU) et le centre de dépistage anonyme et gratuit du VIH et des infections sexuellement transmissibles (CDAG/CIDDIST). Patients et méthodes : tous les patients atteints de syphilis diagnostiquée entre janvier 2002 et décembre 2011 étaient inclus avec la collaboration de l'institut de veille sanitaire (InVS) (à travers des formulaires de signalement) et du laboratoire de bactériologie du CHRU. Les données épidémiologiques, clinicobiologiques, thérapeutiques et évolutives (suivi jusqu'à 2ans) étaient notées. Résultats : cent soixante-quinze cas de syphilis ont été diagnostiqués, dont 154 au CDAG et 21 en dermatologie ; 96 % étaient des hommes, d'âge moyen 36ans et 82 % étaient des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH). Des antécédents d'IST étaient trouvés chez 45 % des sujets ; 14 % avaient une infection par le VIH. Le stade au diagnostic était pour 49 % secondaire, pour 23 % primaire, pour 28 % une syphilis latente. Le traitement administré en majorité (73 %) était la benzathine-benzylpénicilline (Extencilline®). Le nombre de perdus de vue était équivalent dans les deux centres. Trente et un patients (17,7 %) n'ont eu aucune consultation de suivi. La décroissance du VDRL d'au moins 2 dilutions avait lieu dans l'année suivant le traitement dans 93 cas sur 103 (90 %). Les malades pris en charge en dermatologie étaient significativement plus âgés qu'au CDAG. Ils présentaient plus souvent des signes dermatologiques (58 % versus 3 %, p<0,0001) et la population bisexuelle y était moins nombreuse. En revanche, il n'y avait pas de différence significative pour le sexe et la fréquence des infections associées (notamment hépatites, gonococcie, herpès et verrues génitales). Discussion : la syphilis est en recrudescence, particulièrement dans la population des HSH. Les caractéristiques épidémiologiques de notre population correspondent aux données habituelles dans les pays d'Europe de l'Ouest. Les motifs de consultation sont différents entre le CDAG/CIDDIST et le département de dermatologie, les deux structures étant complémentaires. L'Extencilline® est le traitement le plus utilisé, conformément aux recommandations. Des mesures sont à mettre en place pour améliorer le suivi mais elles se heurtent à la nécessité de protéger l'anonymat.

Auteur : Amelot F, Picot E, Meusy A, Rousseau C, Brun M, Guillot B
Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, 2015, vol. 142, n°. 12, p. 742-50