Infections invasives à Mycobacterium chimaera après chirurgie cardiaque et évaluation des pratiques autour des matériels de circulation extracorporelle en France : résultats

Publié le 24 janvier 2020
Mis à jour le 23 janvier 2020

En 2015, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) lançait une alerte, relayée par un Message d'alerte rapide sanitaire (Mars) sur la survenue de cas d'infections à Mycobacterium chimaera, après un acte de chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle (CEC). Suite à cette alerte, Santé publique France a identifié par une enquête rétrospective, deux cas confirmés d'infection à M. chimaera après un acte de chirurgie cardiaque sous CEC. Devant la survenue de nouveaux cas internationaux, une nouvelle alerte a eu lieu en 2017 mettant en cause les pratiques d'utilisation et d'entretien des générateurs thermiques de CEC et proposant des recommandations conformes à celle des fabricants ainsi qu'une évaluation des pratiques existantes. En 2017, une enquête réalisée par Santé publique France et le Centre national de référence des mycobactéries et de la résistance des mycobactéries aux antituberculeux (CNR-MyRMA) avait pour objectif de poursuivre la recherche rétrospective de cas et de réaliser une enquête sur les pratiques liées aux matériels de CEC en France. L'enquête a ciblé les établissements de santé (ES) qui pratiquent des actes de chirurgie cardiaque sous CEC en France. Les informations recueillies par questionnaire portaient sur la période du 1er janvier 2015 au 31 mai 2017. Ces résultats montrent que parmi les 56 services de chirurgie cardiaque participants, sur les 61 services sollicités en France (taux de participation 92 %), aucun établissement n'a déclaré de cas d'infection invasive à M. chimaera depuis 2015. Ce résultat rassurant par rapport à d'autres pays européens est à nuancer par la constatation d'une recherche active de cas non systématique et des mesures de désinfections rarement conformes. Par ailleurs, les contrôles microbiologiques de l'eau des GT retrouvent une flore abondante (56 %), incluant fréquemment des mycobactéries non tuberculeuses (MNT) notamment du complexe Mycobacterium avium (MAC) (23 %). Des efforts sont à faire pour améliorer la désinfection des appareils de CEC. Néanmoins, les recommandations des fabricants semblent difficilement applicables. Les résultats énumèrent un grand nombre de limites pratiques et de freins à l'application de ces recommandations, en particulier, concernant les prélèvements microbiologiques. Le risque infectieux potentiel lié à l'utilisation des générateurs de CEC et les difficultés rencontrées par les ES pour leur entretien suggèrent la nécessité de recommandations nationales fondées sur l'analyse de la littérature et l'avis d'experts.

Auteur : Daniau Côme, Berger Carbonne Anne
Année de publication : 2020
Pages : 42 p.
Collection : Études et enquêtes