Taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal 2011-2012

Publié le 26 février 2013

Après une phase pilote sur 23 départements métropolitains, le dépistage organisé du cancer colorectal a été généralisé à l'ensemble du territoire à partir de 2008. Depuis 2010, ce programme couvre tous les départements français, à l'exception de Mayotte (devenu département français le 31 Mars 2011). Le dépistage est coordonné au niveau local par des structures de gestion départementales ou interdépartementales (au total 89 structures de gestion). Les taux de participation, calculés pour les années 2011 et 2012 pour l'ensemble des départements français, sont présentés dans ce document, ainsi que les taux d'exclusions et les pourcentages de tests positifs.

Matériel et méthodes

Le cahier des charges des programmes de dépistage des cancers paru au Journal Officiel le 21 décembre 2006 (Annexe au n°295) stipule que les personnes de 50 à 74 ans doivent être invitées à se faire dépister pour le cancer colorectal tous les deux ans. Les indicateurs sont ainsi calculés sur deux ans, période au cours de laquelle l'ensemble de la population d'un département est invitée à participer au dépistage.

Calcul du taux de participation

Le taux de participation est le rapport entre le nombre de personnes dépistées et la population cible du dépistage (hommes et femmes de 50 à 74 ans) dont sont extraites les personnes exclues du dépistage pour raisons médicales. Il est défini par :

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Le nombre de personnes dépistées, c'est-à-dire d'hommes et de femmes de 50 à 74 ans ayant effectué un test de dépistage au cours de la période évaluée (ici, du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2012), et le nombre de personnes exclues du dépistage sont fournis par les structures de gestion selon un questionnaire annuel standardisé.

Au niveau national et à des fins de comparaison entre départements, les dénominateurs utilisés pour le calcul des taux de participation sont les données de population fournies par l'Insee (projections 2007-2042, scénario central) calculées de manière identique sur tout le territoire. De cette population, sont soustraites les personnes qui sont exclues du dépistage temporairement ou définitivement pour raisons médicales. La définition des exclusions médicales est précisée par le cahier des charges (voir ci-dessus).

Calcul du taux d'exclusions

Le taux d'exclusions est le rapport entre le nombre de personnes exclues temporairement ou définitivement du programme de dépistage organisé du cancer colorectal (voir ci-dessus) et la population Insee cible du dépistage (hommes et femmes de 50 à 74 ans).

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Le nombre de personnes exclues est fourni par les structures de gestion selon un questionnaire annuel standardisé.

Calcul du pourcentage de tests positifs

Il s'agit du rapport entre le nombre de personnes ayant un test positif et le nombre personnes ayant un test analysable par les centres de lecture des tests de dépistage.

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Ces informations sont fournies par les structures de gestion selon un questionnaire annuel standardisé.

Les classes d'âge

Une décomposition en classes d'âge de 5 ans a été retenue.

La classe 50-54 ans inclut les individus qui ont eu 50 ans dans le courant de l'année évaluée, même s'ils n'avaient pas atteint cet âge au moment du dépistage , la classe 70-74 ans inclut les individus qui avaient 75 ans révolus au moment du dépistage, généralement suite à un retard de réalisation du test après réception de l'invitation envoyée jusqu'à 74 ans.

Standardisation des indicateurs

Les taux de participation, d'exclusions et le pourcentage de tests positifs sont calculés par département, par région et pour la France. Ils sont standardisés sur l'âge et le sexe par rapport à la population française 2009 (projection Insee 2007-2042, scénario central). Cette standardisation permet, en appliquant une même structure d'âge et de sexe (celle de la population française 2009) aux unités géographiques, de comparer les résultats entre ces unités (départements ou régions) et d'étudier les évolutions dans le temps des différents indicateurs étudiés.

Référentiels

Le référentiel européen préconise un taux de participation de la population cible supérieur ou égal à 45 % pour que le programme de dépistage soit coût-efficace. Ce référentiel est celui de l'ensemble des pays européens ayant mis en place un programme de dépistage organisé.

Résultats

Participation

Sur la période 2011-2012, la population des personnes âgées de 50 à 74 ans est estimée à 17,9 millions d'individus. Près de 5 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage, ce qui représente une participation nationale de 31,7 % (voir tableau). La participation est stable par rapport à la participation pour la période 2010-2011 (32,1 %). Elle est inférieure à l'objectif européen minimal acceptable de 45 % de participation, loin derrière le taux souhaitable de 65 %.

La participation est plus élevée chez les femmes (33,7 %) que chez les hommes (29,6 %), quelle que soit la classe d'âge observée (voirtableau). On constate que les personnes de plus de 60 ans adhèrent davantage au programme que les individus plus jeunes, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Cette caractéristique perdure de la période 2009-2010 à 2011-2012 (voirgraphe).

Chez les hommes, ce sont les individus  âgés de 55 à 59 ans qui participent le moins au dépistage. A partir de 60 ans, la participation des hommes augmente avec l'âge pour atteindre son maximum (35,9 %) pour la classe d'âge 70-74 ans (voir tableau). Sur les périodes 2009-2010 et 2010-2011, on observait les mêmes variations de la participation en fonction de l'âge pour les hommes (voir graphe). La participation en fonction de l'âge est différente chez les femmes : si la participation la plus faible est également observée chez les femmes les plus jeunes (moins de 30,5 % de participation pour les femmes de moins de 60 ans), elle est maximale pour la tranche d'âge 65-69 ans (38,3 %). Sur la période 2009-2010, la participation la plus élevée était observée pour la classe d'âge 60-64 ans mais c'est pour cette classe d'âge que la participation semble diminuer le plus fortement entre 2009-2010 et 2011-2012 (voir graphe).

La participation au dépistage organisé est inégale selon les régions et les départements : voir cartes et tableaux (format pdf et format excel). Le taux le plus élevé est enregistré pour l'Alsace (44,1 %) et le plus faible pour la Corse (7,1 %). Par rapport à la période 2010-2011, la participation est en hausse dans six régions (Alsace, Centre, Franche-Comté, Guadeloupe, La Réunion et Pays-de-Loire), l'augmentation la plus importante étant observée en Guadeloupe, dont la participation passe de 25,1 à 27,5 %. Inversement, la Bourgogne est la région dont la participation a le plus fortement diminué, cette diminution étant particulièrement marquée chez les individus de moins de 60 ans. Seuls deux départements, le Haut-Rhin avec 47,1 % et la Saône-et-Loire avec 51,4 % de participation dépassent le seuil minimal recommandé de 45 % de participation pour les années 2011-2012. On peut noter que, pour 11 départements, le taux de participation est compris entre 40 et 45 %. Il faut également souligner que les taux de participation de 38 départements ont augmenté entre 2010-2011 et 2011-2012, avec notamment une hausse de plus de quatre points pour le Loiret et la Seine-et-Marne. Trente-trois départements ont des taux inférieurs à 30 %.

Les constats relatifs à la participation au dépistage en fonction de l'âge à l'échelle nationale présentent quelques disparités régionales (voir tableau). En Corse, on n'observe pas de différence de participation avant et après 60 ans, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, la participation étant stable dans les différentes classes d'âge. En Alsace, Bourgogne et Guyane, la participation la plus faible pour les hommes est celle des individus âgés de 50-54 ans. En Haute-Normandie, Languedoc-Roussillon et Martinique, les hommes de 70-74 ans participent moins que ceux de 65-69 ans. Pour La Réunion, ce sont les hommes âgés de 60-64 ans qui participent le plus au dépistage. Chez les femmes, en Auvergne, Guadeloupe, Limousin, PACA et Picardie, la participation maximale est observée pour la classe d'âge 70-74 ans, alors qu'en Champagne-Ardenne, Franche Comté et La Réunion, elle est maximale pour la classe d'âge 60-64 ans. On note également que la participation des femmes de plus de 65 ans pour la Réunion est inférieure à la participation des femmes plus jeunes. Les taux de participation par région, sexe et âge pour les périodes 2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012 sont présentés ici. Sur la période 2009-2010, quatre départements (la Corse, l'Indre, la Nièvre et la Guyane) n'étaient pas inclus dans l'évaluation par manque d'antériorité dans le dépistage. Les taux pour les régions correspondantes (y compris pour la France) ne sont donc pas directement comparables entre les deux périodes.

Exclusions

Le pourcentage de personnes exclues de ce programme (exclusions définitives pour raisons médicales ou temporaires suite à des résultats de coloscopie normaux) est de 11,8 %. Il est similaire chez les hommes (11,6 %) et les femmes (11,9 %) et augmente avec l'âge. Il est plus élevé chez les femmes que chez les hommes pour les individus de moins de 65 ans puis la tendance s'inverse au-delà de 65 ans (voirtableau). Le taux d'exclusions varie selon les départements de 3,3 % à 18,1 % (voircartes et tableau). Il reste très bas dans les départements d'Outre-mer et la Corse, même si l'on note une légère augmentation du taux d'exclusions entre les périodes 2010-2011 et 2011-2012 pour ces départements. La variabilité départementale du taux d'exclusions est certainement due, en partie, au fait que, pour les départements ayant plus d'antériorité dans le programme, les exclusions temporaires ou définitives consécutives à des résultats de coloscopies induites par le dépistage sont plus nombreuses que pour ceux débutant dans le dépistage organisé du cancer colorectal. Elle dépend également de l'efficience du recueil des informations sur les exclusions médicales par les structures de gestion.

Tests positifs

Le pourcentage de tests positifs est de 2,4 %, soit 116 160 tests positifs. Il est plus élevé chez les hommes (2,8 %) que chez les femmes (2,1 %), et il augmente avec l'âge (voirtableau). On note une variabilité importante du taux de tests positifs entre les départements, avec des valeurs comprises entre 1,2 % pour la Martinique et 6,0 % pour la Guyane : voir cartes et tableau. Globalement, le taux de tests positifs diminue de 2,6 à 2,4 % entre les périodes 2010-2011 et 2011-2012, cette tendance étant observée dans 76 % des départements. Cette diminution est particulièrement importante dans l'Allier (-44 %) et le Cher (-30 %) qui ont utilisé des tests immunologiques dans le cadre d'expérimentations sur la période 2010-2011. La diminution du taux de tests positifs est cohérente avec la répétition des campagnes de dépistage qui permettent d'identifier et donc d'exclure de la population cible du dépistage les personnes présentant des lésions précancéreuses ou cancéreuses au niveau du côlon-rectum, ces personnes faisant alors l'objet d'un suivi spécifique par leur médecin.

Conclusion

Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal est aujourd'hui bien établi sur le territoire français mais la participation de la population reste peu élevée, particulièrement chez les personnes de moins de 60 ans. Les modalités du programme devraient prochainement évoluer puisque la Direction Générale de la Santé a acté la substitution des tests au gaïac (Hémoccult®) par de nouveaux tests immunologiques utilisant des anticorps dirigés contre des protéines du sang humain. Ces tests immunologiques présentent une sensibilité plus élevée que le test au gaïac pour la détection des cancers et surtout des adénomes avancés. Les meilleures performances du test immunologique sont susceptibles d'augmenter la confiance des médecins généralistes et leur adhésion au programme, dont on sait qu'elle est un facteur important dans la participation de la population. D'autre part, ce changement de test pourrait avoir un impact favorable sur la participation au dépistage grâce à une meilleure acceptabilité par la population de ce test dont la technique de prélèvement limite le contact avec la selle par rapport au test au gaïac. Le passage au test immunologique est prévu pour 2014.