La médiation en santé : vers une reconnaissance professionnelle et une généralisation de la pratique ? Le dossier de La Santé en action n°460, juin 2022.

Santé publique France publie, dans sa revue trimestrielle La Santé en action du mois de juin 2022, un dossier consacré à la médiation en santé et de son rôle pour réduire les inégalités sociales en santé.

Publié le 12 août 2022

La médiation en santé est née empiriquement des besoins de terrain mais sa reconnaissance officielle est récente et elle était jusque-là peu valorisée. L’enjeu majeur est donc de convaincre de son utilité afin qu’elle ne soit plus expérimentale mais pérennisée, intégrée au droit commun.
En 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a fait un premier pas dans le sens de la structuration de cette pratique, en établissant un référentiel qui définit son périmètre et ses interactions, à l’interface des autres métiers du champ socio-sanitaire. L’objectif est double : 1) améliorer l’accès aux droits et aux soins curatifs et préventifs en favorisant l’autonomie des plus vulnérables et des plus éloignés du système de santé et 2) sensibiliser les professionnels de santé aux éventuelles difficultés des patients à réaliser leurs parcours de soin et de prévention. La HAS retient également trois grands principes déontologiques devant s’appliquer à la médiation en santé : la confidentialité et le secret professionnel ; le non-jugement (posture de retrait) ; le respect de la volonté des personnes et de leur liberté de choix.

Le médiateur en santé en France : une réponse face aux inégalités sociales en santé

Dans le système français, l’accès aux droits sanitaires et sociaux de l’ensemble de la population est théoriquement garanti par la loi. Quoiqu’assez riche, ce système demeure assez complexe pour le néophyte. On observe aussi de grandes inégalités de santé au sein du territoire national, à l’échelle géographique et au sein de la population. Elles se traduisent notamment par des différences d’espérance de vie ou d’incidence de certaines pathologies (cancers, diabète, obésité…).

Au niveau de l’individu, les professionnels de santé constatent aussi des échecs dans le suivi et l’adhésion aux parcours diagnostiques ou thérapeutiques. Les causes de ces ruptures, souvent cumulées, relèvent de toutes les vulnérabilités des populations éloignées du soin. Parmi les principaux obstacles identifiés sont pointés : la précarité sociale et économique, l’âge, le niveau d’éducation faible, la barrière de la langue, la fracture numérique, l’isolement géographique, l’absence de soutien social, les handicaps moteurs ou psychiques, la perte d’autonomie, les troubles de la santé mentale, l’absence de connaissance ou de maîtrise du système de santé, la représentation culturelle de la maladie, du soin, du médicament, la chronicité et/ou l’accumulation des problèmes de santé.
Ces diverses vulnérabilités aboutissent à des interruptions ou des renoncements dans les parcours de soins, tant curatifs que préventifs (comment suivre un traitement lorsqu’on est à la rue ; venir à une consultation faute d’accès aux transports en commun en milieu rural ou faute d’argent s’ils existent…). Ces échecs, qui ne se réduisent pas à la barrière de la langue ou à la dimension culturelle, font le lit des inégalités de santé. Par ailleurs même si l’objectif ultime de la médiation en santé est de développer l’autonomie et la capacité d’agir des personnes, il faut reconnaître qu’elle peut aussi être nécessaire sur le long terme chez certains malades chroniques ou souffrant de handicaps définitifs ou susceptibles de s‘aggraver (personnes âgées ou maladies mentales).

Quels métiers, quelles compétences ?

Dans une première partie « état des connaissances », différents métiers de la médiation sont définis : médiateurs sociaux, médiateurs en santé, en « santé pairs », médiateurs transculturels, « adultes relais ». Les chercheurs et professionnels de terrain définissent la médiation, son histoire (elle vient de la société civile et singulièrement du champ du VIH/sida au début des années 90), ses fondements, ses objectifs.
Ils définissent aussi des compétences pour ce nouveau métier : maîtrise des bases des métiers avec lesquels le médiateur fera l’interface, connaissances médicales, connaissances des bases du soutien psychologique, de l’entretien motivationnel, du système de santé mais aussi d’accès aux droits (aides sociales), du fonctionnement des réseaux de santé, du tissu associatif local, sens de l’altérité (définie comme avoir le souci de l’autre), de l’empathie, capacité d’écoute, de non-jugement, de décentrage, etc.

La pratique en France et à l’étranger, à l’hôpital et en dehors

La suite du dossier est consacrée à l’état des pratiques concrètes et aux dispositifs et actions de médiation au sein de l’hôpital ou de quartiers de certaines villes. Une chercheuse analyse le métier de « médiateur en santé pair », qui partage la même expérience que le malade, une psychologue décrit la consultation transculturelle, un focus est présenté sur les besoins spécifiques de médiation pour les Gens du voyage, spécialement lors de la « crise Covid-19 ». Divers témoignages de médiateurs officiant dans des hôpitaux de l’Assistance publique à Paris, à l’hôpital de Saint-Laurent du Maroni (Guyane), à Lille ou Dunkerque, mais aussi en Allemagne ou en Belgique illustrent ainsi l’état de l’art en la matière. En définitive, cette revue des pratiques en France et à l’international démontre l’utilité de la médiation en santé.

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