Evaluation du dépistage sérologique pré- et post-transfusionnel en France en 2001

Publié le 1 juillet 2004
Mis à jour le 6 septembre 2019

Le dépistage VIH et VHC chez les receveurs de produits sanguins labiles a été recommandé en 1996 en France par circulaire ministérielle. Appliqué en prétransfusionnel et dans les quatre mois suivants, il vise à dépister les contaminations transfusionnelles. Cependant des interrogations sur la réalité de sa mise en oeuvre et la baisse du risque viral transfusionnel ont conduit à mener une évaluation nationale. Son objectif était de mesurer le taux de réalisation du dépistage, son efficacité et son rapport coût-efficacité, un objectif secondaire était l'évaluation de l'exactitude de la traçabilité, et du taux de mortalité des receveurs. Un sondage aléatoire sur les 1 203 378 produits sanguins distribués en France pendant le premier semestre 2001, a permis dobtenir un échantillon de 1115 séjours hospitaliers avec transfusion effective de produits homologues. Les données sur les tests réalisés ont ensuite été recueillies dans les dossiers hospitaliers. La traçabilité était considérée comme exacte si les nom, prénom et date de naissance du receveur étaient identiques dans le dossier hospitalier et à l'établissement français du sang. Un total de 1092 dossiers a été consulté. En prétransfusionnel 58,5 % IC à 95 % [55,6-61,5] des receveurs ont eu des tests VIH + VHC et en post-transfusionnel 30,5 % [28,5-35,5]. Seuls 19,5 % [16,6-22,6] des receveurs, non décédés à 6 mois, ont eu à la fois des tests pré et post-transfusionnels. Pour cette période, en France aucune contamination transfusionnelle VIH ou VHC na été rapportée. Le taux d'exactitude de la traçabilité des PSL est de 96,3 % [94,9-97,3], par ailleurs 35,8 % [33,0-38,7] des receveurs sont décédés à six mois. Les facteurs influençant la réalisation dun dépistage complet, analysés par régression logistique, sont la région administrative de l'établissement de santé, sa taille supérieure à 300 lits et son volume transfusionnel inférieur à 5000 produits par an. La pratique actuelle peut détecter 0,14 contamination transfusionnelle VIH et 0,05 VHC par an. Dans les conditions dapplication actuelles, le coût du dépistage est estimé à 20 millions d'euro par an, et le coût par cas dépisté dépasse 100 millions d'euro.. Les risques émergeants sont ignorés par le dispositif de dépistage actuel. Le dépistage VIH et VHC pré- et post-transfusionnel aujourdhui pratiqué ne répond à aucun des critères dévaluation et son rapport coût efficacité est défavorable

Auteur : Daurat G, Fressy P, Duedari N, Le Blanc G, Taverne D, Ounnoughene N, Pillonel J
Transfusion clinique et biologique, 2004, vol. 11, n°. 3, p. 153-60