Une méthode de prise en compte du dégroupage total dans le plan de sondage des enquêtes téléphoniques auprès des ménages.

Publié le 1 janvier 2010
Mis à jour le 7 juin 2019

Le téléphone a permis de nombreux progrès dans les enquêtes relevant des sciences sociales et de la santé publique. Les enquêtes téléphoniques sont moins coûteuses, plus faciles à encadrer et plus rapides que les enquêtes en face-à-face. Néanmoins, leurs concepteurs sont désormais confrontés à différents types de populations : les abonnés au téléphone fixe parmi lesquels il faut distinguer ceux qui figurent sur l'annuaire et les possesseurs exclusifs de téléphone portable (PETP). Si le téléphone reste un excellent moyen de toucher les individus résidant en France (environ 1 % des personnes ne disposent d'aucun équipement), la part importante des usagers en liste rouge et surtout des PETP complexifie les méthodes élaborées depuis le début des années 1990. Entre 1995 et 2005, la part des abonnés au téléphone fixe a baissé au profit de celle des possesseurs exclusifs de portable. Depuis, grâce au développement des offres groupées internet-téléphone, la téléphonie filaire a retrouvé un second souffle qui a diminué la part des PETP. Dans le cadre des deux derniers exercices du Baromètre santé de l'INPES, l'échantillon des PETP a été constitué de manière indépendante de l'échantillon des lignes fixes. Les préfixes des numéros de téléphones attribués par l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) aux différents opérateurs nationaux ont été utilisés pour la stratification de l'échantillon. La fin des numéros a ensuite été générée de façon aléatoire. Par ailleurs, dans le contexte de l'ouverture du marché des communications en 2003, l'opérateur historique s'est vu dans l'obligation de donner l'accès au réseau de téléphonie fixe aux autres opérateurs. La possibilité d'un dégroupage total a donc progressivement fait perdre des abonnés à France Télécom. Selon l'ARCEP, le parc des postes en dégroupage total qui était inférieur à 100 000 (soit 0,4 % des foyers) début 2005, n'a cessé de s'accroître depuis pour concerner en 2009 plus de 5 millions de foyers (soit environ 15 % des foyers). La possibilité effective de conservation de l'ancien numéro géographique, même en cas de changement d'opérateur, est intervenue assez rapidement après l'ouverture du marché des communications, de sorte que les foyers qui ne sont joignables que par un numéro commençant par un 08 ou 09 représentaient en 2008 une part faible de l'ensemble de la population (2,5%), mais celle-ci apparaît en augmentation. Pour une même ligne téléphonique, on peut donc avoir un numéro géographique et/ou un numéro en 08 ou 09. A cause de l'impossibilité de gérer les double-comptes entre numéros géographiques et numéros en 08 ou 09, il n'était pas possible d'intégrer ces derniers à la base de sondage des téléphones fixes. Néanmoins, il apparaissait illégitime de les exclure d'emblée de la population enquêtée, en l'absence d'informations sur cette population. Cette précaution a nécessité une adaptation de la méthode d'enquête permettant de retrouver les " dégroupés en 08 ou 09 " par le biais des PETP. En effet,, la quasi totalité (environ 95 %) des dégroupés totaux qui déclarent ne pas pouvoir être joints sur un numéro géographique possèdent un téléphone portable. Ainsi, grâce à une question filtre posée à l'échantillon des PETP, il a été possible de récupérer les ménages déclarant détenir aussi une ligne fixe mais ne correspondant à aucun numéro géographique.. Au final, le champ de l'enquête ne laisse de côté quasiment que les personnes ne disposant d'aucun équipement téléphonique. [résumé auteur]

VIème colloque francophone sur les sondages., Tanger(Maroc), 2010/03/23-25

Auteur : Beck Francois, Gautier Arnaud, GUIGNARD Romain, Escalon Hélène, Richard Jean-Baptiste
Année de publication : 2010