Recensement retrospectif des cas de cancers de 1994 à 2002 autour de l'usine d'incinération d'ordures ménagères de Gilly-sur-Isère

Publié le 1 décembre 2007
Mis à jour le 11 juin 2019

Position du problème : L'étude rétrospective d'incidence des cancers autour de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère (Savoie, France), décidée dans un contexte de crise lors de sa fermeture fin 2001, avait pour objectif de déterminer s'il existait un excès de cancers autour de l'installation. En l'absence de registre des cancers en Savoie, elle a consisté à recenser de la manière la plus exhaustive possible les cancers survenus entre 1994 et 2002 dans la zone d'étude (exposée aux retombées atmosphériques de l'incinérateur) afin de comparer l'incidence observée à celle établie par les registres des cancers français. L'objectif de cet article était de décrire les difficultés rencontrées et les solutions apportées lors du recensement des cancers ; les résultats de l'étude d'incidence ne sont pas présentés. Méthodes : Le recueil des données médicales a été réalisé auprès de multiples sources d'information : laboratoires d'anatomocytopathologie et d'hématologie, départements d'information médicale des hôpitaux et cliniques, caisses primaires d'assurance maladie, médecins libéraux, registres des cancers spécialisés. Les fichiers informatiques recueillis ont été traités : recherche des adresses manquantes, sélection des patients de la zone d'étude, homogénéisation des codages des cancers, concaténation des fichiers en une seule base, analyse des informations disponibles sur chaque cancer, dédoublonnage. La majorité des cancers a ensuite été validée par consultation des dossiers médicaux, afin d'éliminer les faux positifs (métastases de cancer primitif connu, récidives...). Résultats : Sur 2845 cancers initialement recensés à partir des données informatiques, 28 % ont été exclus car ils ne répondaient pas à la définition de cas (absence de preuve de cancer, date de diagnostic avant la période d'étude...) ; au final, la base comprenait 2055 cas de cancers. Les indicateurs de qualité calculés montraient que la base de données avait une exhaustivité et une validité comparables à celles des registres. Trois principaux types de sources ont permis d'identifier 94 % des cas : laboratoires, départements d'information médicale des hôpitaux et caisses primaires d'assurance maladie. Conclusion : Le recours à des données administratives et la consultation des dossiers médicaux se sont révélés nécessaires compte tenu des incertitudes sur les adresses des patients au moment du diagnostic, des erreurs de codage des cancers dans certains fichiers recueillis et des difficultés à identifier les faux positifs. Des moyens humains très importants ont ainsi dû être engagés pour ce recensement.

Auteur : Thabuis A, Schmitt M, Megas F, Fabres B
Revue d'épidémiologie et de santé publique, 2007, vol. 55, n°. 6, p. 426-32