Pour qui la retraite sonnera ? Les inégalités d'espérance de vie en bonne santé avant et après 65 ans.

Publié le 8 mars 2011
Mis à jour le 29 août 2019

Contexte - L'allongement de l'espérance de vie (EV) s'accompagne d'attentes grandissantes pour une participation sociale active des plus âgés, en particulier sur le marché du travail. Cependant, la participation sociale est conditionnée en partie par l'état de santé. À partir des indicateurs d'espérance de vie en santé (EVS), cette étude vise à évaluer l'(in)égalité des chances de participation sociale après 50 ans dans le contexte français de 2003. Méthode - L'enquête santé française de 2003 permet d'aborder différentes dimensions de la mauvaise santé susceptibles de compromettre la participation sociale : limitations fonctionnelles (LF), limitations d'activité globales(GALI), restrictions d'activité pour les soins personnels (RADL), mauvaise santé perçue (SP). On calcule les EVS à 50 ans, 65 ans et entre les âges de 50 et 65 ans, pour se concentrer sur la fin d'activité professionnelle, pour 6 catégories socioprofessionnelles. Résultats - L'EV50 des ouvriers atteint 27 ans, la moitié étant vécue avec des LF vs. un tiers de l'EV50 des cadres, qui est plus longue de 5 ans. Les EVS50 suivent le même gradient socioprofessionnel que les EV50. Les inégalités d'EVS sont largement présentes après 65 ans, mais elles existent aussi bien avant cet âge, y compris pour les problèmes de santé les plus sévères (RADL). Enfin, entre 50 et 65 ans, les femmes des catégories socioprofessionnelles les moins qualifiées n'ont pas plus d'années de vie en bonne santé que les hommes, malgré leur EV plus longue. Conclusion - Les EVS attestent d'une large période critique du point de vue de la santé après 50 ans, en particulier dans les PCS manuelles et peu qualifiées. Il existe de grandes inégalités dans les chances de vivre en bonne santé durant la retraite, mais aussi dans les chances d'atteindre la retraite en bonne santé et sans incapacité. Ces résultats interrogent sur la possibilité d'une augmentation générale de la participation sociale, et en particulier au travail, dans les conditions sociales et sanitaires actuelles. Les EVS s'avèrent des indicateurs pertinents pour débattre de ces questions. (R.A.)

Auteur : Cambois E, Robine JM
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2011, n°. 8-9, p. 82-6