L'action publique en santé mentale doit être conçue et pratiquée en termes d'investissement social.

Publié le 1 mars 2017
Mis à jour le 22 mai 2019

La France est désormais dotée d'un Conseil national de la santé mentale. Cette instance est présidée par Alain Ehrenberg, sociologue, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Cet article est la retranscription du discours qu'il a prononcé lors de l'installation par Mme Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé de ce Conseil, le 10 octobre 2016. Le chercheur y souligne que les questions de santé mentale ne sont plus seulement des problèmes spécialisés de psychiatrie et de psychologie clinique, mais qu'elles relèvent également de problèmes généraux de la vie sociale qu'elles "traversent de part en part." En d'autres termes, la santé mentale est un fait social, elle fait partie de la santé et également de la socialité. Il est non seulement question de maladies à soigner, mais aussi de maux dans lesquels les relations sociales sont en cause d'une manière ou d'une autre ; ainsi en est-il par exemple de la souffrance au travail. La souffrance psychique était une raison de se soigner, elle est devenue en plus une raison d'agir sur des relations sociales perturbées. Pour Alain Ehrenberg, l'action publique aujourd'hui, qu'il s'agisse de santé mentale ou de lutte contre les inégalités et la pauvreté, est un investissement social, dans la mesure où cette action "ne consiste pas seulement en effet à compenser les dégâts, mais à réduire des risques futurs."

Auteur : Ehrenberg Alain
La Santé en action, 2017, n°. 439, p. 14-16