Épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux.

Publié le 19 juillet 2016
Mis à jour le 29 août 2019

Introduction : à partir des années 1990, l'Organisation mondiale de la santé a intégré les violences conjugales dans la santé publique, quittant ainsi le champ exclusif de la police et de la justice. Dans le cadre de ses missions de surveillance épidémiologique de l'état de santé de la population, l'Institut de veille sanitaire (devenu Santé publique France) a engagé une analyse des travaux disponibles pour rendre compte des résultats et connaissances épidémiologiques sur ce domaine dans les pays occidentaux. Méthode : les recherches bibliographiques ont été menées dans PubMed et des sites institutionnels en 2012 puis en 2015. Résultats : les travaux ont été classés selon huit axes, parmi lesquels : prévalence, populations spécifiques (femmes enceintes, personnes âgées, etc.), conséquences (santé), facteurs de risques, etc. Ici, seules les prévalences et les conséquences sur la santé des victimes sont abordées. Les données de prévalence montrent des différences entre pays, mais les différences de méthodologies limitent la portée des comparaisons et l'étude des évolutions. Dans ce contexte, l'Agence européenne des droits fondamentaux a appliqué en 2014 un protocole identique à 28 pays de l'Union européenne, qui a permis de montrer qu'une femme européenne sur 5 a été victime de violences physiques et/ou sexuelles et presqu'une sur 2 a été victime de violences psychologiques. Une étude de l'Organisation mondiale de la santé montre que 38,6% des homicides de femmes et 6,3% des homicides d'hommes ont été commis par un partenaire intime. En France, la Délégation d'aide aux victimes du Ministère de l'intérieur recense annuellement de manière exhaustive depuis 2006 les morts violentes au sein du couple (118 femmes décédées en 2014). Peu de données de prévalence sont issues de sources hospitalières. La liste des troubles de santé chez les victimes est longue et bien décrite. Comparées aux femmes non victimes, les victimes de violences conjugales auraient globalement 60% de problèmes de santé en plus. Conclusion : les violences entre partenaires intimes sont traitées de manière particulièrement dense depuis les années 2000. Cette synthèse des résultats épidémiologiques existants dans les pays occidentaux constitue, pour cette thématique complexe, une base d'aide au choix des aspects à surveiller et/ou à approfondir.

Auteur : Guillam MT, Segala C, Cassagne E, François C, Thelot B
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 22-23, p. 385-9