Epidémiologie de l'aspergillose invasive en France : résultat du réseau SAIF (2005-2007).

Publié le 16 avril 2013
Mis à jour le 29 août 2019

Une étude prospective a été conduite pendant 3 ans (2005-2007) dans 12 hôpitaux universitaires français pour recenser les cas d'aspergilloses invasives (AI) prouvées ou probables. Les cas étaient déclarés par les mycologues après application des critères EORTC/MSG ; le nombre d'admissions par hôpital et de greffes ont été obtenus grâce aux registres nationaux. Ont été inclus 424 patients, soit une incidence médiane de 0,271/103 admissions (extrêmes : 0,072-0,910), sans variations saisonnières ou par année d'étude. Parmi les 393 adultes (hommes 62 %, âge moyen 56 ans), 78 % avaient une maladie hématologique sous-jacente, 15 % une AI prouvée et 92 % une atteinte pulmonaire. Les leucémies aiguës (34,6 %) et les greffes allogéniques de cellules souches (21,4 %) représentaient les facteurs de risque principaux, suivis des syndromes lymphoprolifératifs chroniques (21,6 %), qui émergent comme nouveau groupe à risque. Les autres facteurs de risque étaient les greffes d'organe solide (8,7 %), les tumeurs malignes solides (4,3 %), les maladies inflammatoires systémiques (4,6 %) et les pathologies respiratoires chroniques (2,3 %). Les cultures positives (n=245) confirmaient la prédominance d'Aspergillus fumigatus (culture pure=80 %). La recherche de galactomannane sérique était plus souvent positive (e69 %) en hématologie que dans les autres pathologies (<42 % ; p<0,001). En traitement de première ligne, le voriconazole seul était le plus souvent prescrit (52 %), suivi des associations d'antifongiques (19,9 %), de la caspofungine (14 %) et d'une formulation lipidique d'amphotéricine B (8 %). La mortalité globale à 12 semaines était de 44,8 % ; elle était de 41 % quand le traitement de première ligne incluait le voriconazole contre 60% dans le cas contraire (p<0,001). Un âge avancé, la positivité de la culture fongique associée à celle du galactomannane, et une atteinte du système nerveux central ou un épanchement pleural étaient des facteurs indépendants de la mortalité à 12 semaines, alors qu'un traitement incluant au moins du voriconazole apparaissait protecteur. (R.A.)

Auteur : Lortholary O, Gangneux JP, Sitbon K, Lebeau B, Thiebaut A, Le Strat Y, Coignard B, Dromer F, Bretagne S
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2013, n°. 12-13, p. 121-4