En France, l'éducation pour la santé marque le pas. Cause ou conséquence d'un sous-investissement politique?

Publié le 1 août 2013
Mis à jour le 11 juin 2019

Il y a une dizaine d'années, les faiblesses des moyens alloués à l'éducation pour la santé étaient expliquées par un déficit en légitimité alimenté par une absence de reconnaissance professionnelle, un sous-développement de la recherche et une anarchie méthodologique. Dans ce contexte, un plan national d'éducation pour la santé a été lancé en 2001. Ce plan n'a été appliqué que partiellement. Depuis, les réformes engagées ont essentiellement renforcé la structure nationale et bénéficié aux activités de communication en santé. Plus récemment, l'éducation thérapeutique du patient a fait l'objet d'une reconnaissance par la loi. En revanche, l'éducation pour la santé dans les milieux de vie, en dépit des efforts de formation, d'amélioration de la qualité et de rationalisation développés par ses acteurs, a connu, ces dernières années, une érosion régulière des moyens qui lui étaient alloués. Quant à la démarche de promotion de la santé, sans laquelle on ne peut plus concevoir les activités d'éducation pour la santé, elle peine encore plus à être reconnue. L'expérience de plusieurs pays montre que le développement quantitatif et qualitatif de l'éducation pour la santé et de la promotion de la santé résulte d'investissements stratégiques; ces investissements y ont en effet permis le développement de la recherche, la professionnalisation, la démonstration de l'efficience et de la qualité du service rendu par ce secteur d'activité. On semble, en France, attendre que les acteurs de l'éducation pour la santé et de la promotion de la santé fassent la preuve de cette évolution pour les légitimer et leur donner les moyens de travailler. Or, on sait qu'à terme ces investissements peuvent contribuer efficacement à la réduction des causes évitables d'incapacités et de décès prématurés et à la limitation des inégalités sociales de santé qui continuent de caractériser la santé en France.[resume auteur]

Auteur : Demeulemeester R.
Santé publique, 2013, vol. 25, n°. 2HS, p. 93-99