Détection précoce automatisée des épidémies de gastro-entérites d'origine hydrique à partir des données de vente ou de remboursement des médicaments. Etude de faisabilité : choix des données sanitaires et des départements pilotes

Publié le 1 mai 2006
Mis à jour le 5 juin 2019

Les bases de données de l'Assurance maladie sont les seules ressources disponibles en France qui puissent prétendre à être exploitées pour la détection en ligne des clusters de gastro-entérites aiguës. Il est possible de concevoir en aval une procédure automatisée pour examiner la vraisemblance de l'étiologie hydrique pour les clusters identifiés, par comparaison des emprises géographiques du cluster et des réseaux de distribution d'eau. Trente à 60 % des cas de gastro-entérites ayant fait l'objet d'une consultation en France seraient disponibles dans un délai compatible avec l'objectif d'alerte (3 jours ouvrables). Les consultations faites en dehors du lieu de résidence de l'assuré ne seraient en revanche pas utilisables. L'adresse de l'assuré est disponible, mais une localisation par commune simplifierait la procédure d'exploitation et altèrerait a priori peu les performances du système. Ces premières conclusions doivent être mises à l'épreuve du terrain. Pour cela, une liste de départements éligibles au rôle de pilote a été dressée. La catégorie de taille des unités de distribution cible a été fixée entre 500 habitants desservis, limite de puissance statistique du système d'alerte, et 10 000, limite au dessus de laquelle les pollutions microbiologiques sont trop rares pour établir des conclusions statistiques robustes. A été retenu comme indice du risque épidémique la survenue " d'évènements critiques " définis comme le dépassement de 50 colonies de bactéries d'origine fécale (Escherichia coli et entérocoques) dénombrées lors de l'analyse d'un prélèvement collecté pour le contrôle réglementaire. Les critères de classement des départements ont été (i) le nombre d'unités de distribution de la classe de population desservie [500-10 000[ frappées par au moins un évènement critique au cours de l'année 2003 et (ii) la taille de la population concernée. Les départements d'outre-mer (Réunion, Guadeloupe) et les départements ruraux ou karstiques (Cantal, Charente-Maritime, Doubs, Lot¿) arrivent en tête de classement, sur la base des données 2003. Les départements de haute montagne n'apparaissent pas car la distribution de l'eau y est atomisée ce qui rend difficile l'approche épidémiologique. Indépendamment de l'importance de la classe des distributions d'intérêt et de l'effort d'échantillonnage, il semble se dégager un effet " département " prédisposant le Cantal, le Lot, la Réunion et le Doubs à un risque de pollution microbiologique susceptible d'engendrer des clusters " observables " plus élevé qu'ailleurs. Les Ddass éligibles et l'Assurance maladie, vont être sollicités pour le choix des départements pilotes, l'obtention des données et la constitution du partenariat. (R.A.)

Auteur : Mouly D, Lauzeille D
Année de publication : 2006
Pages : 40 p.