Démarrage d'un traitement par dialyse chronique en urgence. Quels patients ? Quelles conséquences ?

Publié le 9 mars 2010
Mis à jour le 3 septembre 2019

Objectif - Décrire les caractéristiques et le devenir des patients démarrant le traitement par dialyse pour insuffisance rénale chronique terminale dans un contexte d'urgence. Méthodes - À partir du registre du Réseau épidémiologie et information en néphrologie (Rein), ont été inclus les 5 921 patients ayant démarré un traitement de suppléance par dialyse en 2006 dans 15 régions administratives. La notion de prise en charge en urgence est définie par une première séance de dialyse réalisée immédiatement après une évaluation par un néphrologue en raison d'un risque vital. Les caractéristiques cliniques et biologiques initiales des patients, les probabilités de survie et d'accès à la liste nationale d'attente de transplantation rénale sont comparées selon le type de prise en charge. Le seuil pour les intervalles de confiance est fixé à 95%. Résultats - Un traitement de suppléance a été réalisé de manière programmée pour 73,6% des patients et en urgence pour 26,4%. Les comorbidités et handicaps sont plus fréquents en cas de démarrage en urgence, tandis que l'inscription sur liste de transplantation, le recours à l'érythropoïetine (EPO), la création d'un abord vasculaire sont plus rares. Il apparaît que 93,9% des patients démarrant en urgence sont en hémodialyse en centre lourd, alors que 25,2% des patients, en cas de dialyse programmée, sont en hémodialyse hors centre ou en dialyse péritonéale à domicile. Les taux de survie à 3 et 12 mois sont respectivement de 95,9% [95,3-96,5] et 87,4% [86,3-88,3] pour les suppléances programmées et de 88,0% [86,3-89,5] et 74,2% [72,0-76,3] pour celles réalisées en urgence. Alors que 8,4% des dialyses programmées se font chez des patients déjà inscrits sur la liste et que 30,8% le sont 12 mois après le démarrage, seuls 22,1% des patients ayant démarré en urgence sont inscrits à 12 mois. Conclusion - Le démarrage de la dialyse en urgence est associé à des résultats défavorables. Il semble consécutif à un faisceau de causes médicales, mais aussi socio-économiques et organisationnelles. Ces résultats plaident pour l'élaboration d'un programme médical garantissant la continuité des soins. (R.A.)

Auteur : Chantrel F, Lassalle M, Couchoud C, Frimat L
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2010, n°. 9-10, p. 81-6