Caractérisation des risques radon dans les régions : faire s'approprier par les acteurs un problème de santé publique méconnu.

Publié le 15 mai 2007
Mis à jour le 29 août 2019

Nous passons 90 % de notre vie dans les bâtiments et le caractère cancérogène du radon est reconnu. En France pourtant, même parmi les acteurs potentiels de la gestion, un débat persiste quant à son impact sur la santé publique. Dans les régions définies comme étant à potentiel radon, l'enjeu est de faire connaître aux différents acteurs (dont le public), l'état des connaissances scientifiques sur ce polluant et ses effets, d'illustrer l'impact de l'exposition sur la santé de la population et de guider l'orientation des actions, tout en permettant aux acteurs du domaine d'apprécier les incertitudes associées. Les Cellules interrégionales d'épidémiologie (Institut de veille sanitaire) sont appelées à réaliser ce travail. Au travers de la synthèse des deux études déjà réalisées dans des régions à potentiel élevé de radon, cet article présente la démarche, sa méthode, ses limites et intérêts pour la gestion, ainsi que les voies d'amélioration de celle-ci. Les deux études ont été réalisées en Bretagne et en Corse sur la base des mesures de la campagne réalisée dans l'habitat par l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire et le ministère chargé de la Santé. La fraction de risque et le nombre de décès annuels par cancer du poumon attribuables à une exposition vie entière au radon ont été estimés pour les distributions brutes et redressées en se basant sur un modèle proposé par le BEIR VI qui fait consensus actuellement auprès des experts. On observe ainsi pour des expositions moyennes à 98 Bq/m3 et à 197 Bq/m3, une fraction de risque attribuable respectivement de l'ordre de 20 % et de 30 %. Les résultats montrent dans ces régions à potentiel radon qu'au moins 50 % du risque est attribuable aux concentrations supérieures à 100 Bq/m3 et que réduire l'exposition lorsque les concentrations sont supérieures à 200 ou 400 Bq/m3 à des niveaux plus faibles a une efficacité notable sur l'impact sanitaire au sein de la population dans les zones à fort potentiel radon. Sur la base de tels modèles, les options d'actions politiques pourraient être scénarisées et quantifiées en intégrant des hypothèses réalistes sur les principaux facteurs déterminant le succès des stratégies d'actions destinées à réduire les niveaux de radon dans l'habitat. Il serait ainsi plus facile d'optimiser les choix politiques et techniques d'action contre le radon. (R.A.)

Auteur : Pirard P, Franke F, Thillier C
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2007, n°. 18-19, p. 158-63