Épidémie d'infections invasives à méningocoque B dans le Beaujolais (Rhône), 2016 : organisation de la vaccination et résultats

Publié le 9 octobre 2018
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : la survenue d'une épidémie d'infections invasives à méningocoque B sur une zone restreinte du département du Rhône a conduit l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes (ARS) à organiser, d'avril à juin 2016, une campagne de vaccination exceptionnelle ciblant les personnes âgées de 2 mois à 24 ans, résidant ou gardées ou scolarisées ou travaillant sur cette zone. Planification de la campagne : dans un contexte d'accès restreint au vaccin, une offre de vaccination graduée a été proposée, depuis l'offre existante jusqu'au déploiement de centres de vaccination dédiés en passant par la vaccination en milieu scolaire. La gratuité et une pharmacovigilance renforcée ont été garanties. La couverture vaccinale (CV) a été suivie afin d'ajuster le dispositif au fil du temps. Résultats : sur 4 438 personnes à vacciner résidant dans la zone, 2 038 ont reçu une dose de vaccin Bexsero®, 1 716 personnes deux doses et 7 enfants trois doses. La CV estimée globale était de 47% à une dose et de 40% à deux doses. Elle variait selon la classe d'âge et la commune de résidence. La CV à deux doses était de 63% pour les 3-11 ans, de 36% pour les 12-15 ans, de 30% pour les 0-3 ans et de 8% pour les 16-24 ans. Près des trois quart (74%) des doses ont été dispensées en milieu scolaire et 15% par les médecins libéraux. Avec 152 notifications d'effets indésirables (EI) adressées au Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) pour 4 069 doses administrées au total, le taux de notification pour 100 doses administrées était de 3,7%. Au total, 309 EI ont été rapportés, pour un profil de tolérance au vaccin qui était globalement conforme aux données du résumé des caractéristiques du produit. Discussion : les CV les plus hautes ont été obtenues en milieu scolaire. Outre cette facilitation de l'accès à l'information et à la vaccination pour les familles, les séances ont été proposées rapidement après l'alerte. Les CV les plus basses des 0-3 ans et des 16-24 ans posent question, au regard de l'incidence élevée de la maladie dans ces classes d'âge. La méconnaissance du vaccin par les professionnels de santé, l'absence de connaissance sur la durée de protection, un vaccin non accessible initialement en pharmacie et peut-être une certaine défiance de la population envers les vaccinations, ont contribué pour partie à ces résultats.

Auteur : Dejour Salamanca Dominique, Tararbit Karim, Prévosto Françoise, Imler-Weber Françoise, Lagrange Céline, Michelland Françoise, Paquet Nathalie, Ranc Claudine, Ronnaux-Baron Anne-Sophie, Cottin Judith, Gouraud Aurore, Spaccaferri Guillaume, Thabuis Alexandra, Ronin Vincent
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 30-31, p. 620-627