Programme de surveillance air et santé. Analyse des liens à court terme entre pollution atmosphérique urbaine et mortalité dans neuf villes françaises

Publié le 1 juin 2008
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'existence de liens à court terme entre pollution atmosphérique urbaine et mortalité est à présent bien documentée. En France, le Programme de surveillance air et santé (Psas) étudie ces associations depuis une dizaine d'années. L'objectif principal de la présente étude est d'actualiser, pour la période 2000-2004, la quantification des relations entre les niveaux des indicateurs de pollution atmosphérique (NO2 , O3 et particules) dans l'air ambiant de neuf villes françaises et le risque de décès pour différentes causes. En outre, les liens entre les différentes fractions granulométriques des particules (particules fines PM 2,5 et particules grossières PM 2,5-10 ) et la mortalité ont été étudiés pour la première fois en France. Les analyses se fondent sur la méthode des séries temporelles, qui consiste à étudier les liens entre les variations à court terme des niveaux d'un indicateur de pollution et celles du nombre de décès, après ajustement sur les facteurs de confusion potentiels (tendance à long terme, saisonnalité, température, épidémies de grippes, vacances...). Elles sont conduites pour chacune des zones d'études, puis un excès de risque relatif (ERR) combiné associé à une augmentation de l'indicateur de pollution est déterminé. Sur l'ensemble des neuf villes, des associations significatives ont pu être mises en évidence entre tous les indicateurs de pollution et de mortalité considérés. Ainsi, le risque de mortalité toutes causes non accidentelles était significativement associé à une augmentation de 10 ug/m3 du niveau des indicateurs de pollution le jour et la veille du décès, avec des ERR allant de 0,9 % (IC 95%=[0,4 ; 1,5]) pour l'O3 à 2,0 % [0,8 ; 3,3] pour les PM 2,5-10. Les effets observés étaient similaires chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Les résultats pour la mortalité cardio-vasculaire et cardiaque étaient relativement proches de ceux obtenus pour la mortalité totale avec néanmoins des effets plus marqués, en particulier en lien avec les indicateurs de pollution particulaire et chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Cette nouvelle analyse confirme l'existence de liens significatifs entre les niveaux de pollution atmosphérique ambiante couramment rencontrés dans neuf agglomérations françaises et le risque de décès, en particulier pour causes cardio-vasculaires. La standardisation des méthodes dans les villes participantes, ainsi que la prise en compte des facteurs de confusions potentiels sont des points forts de l'étude et confèrent aux résultats obtenus une certaine fiabilité. Les résultats observés sont en outre cohérents, avec ceux des autres grandes études multicentriques nord-américaines et européennes, et avec les connaissances concernant les mécanismes biologiques d'action à court terme des polluants sur la santé. Les résultats concernant les différentes fractions granulométriques des particules apportent une contribution à des connaissances très peu abondantes sur ce sujet, et suggèrent que les particules grossières peuvent, au même titre que les particules fines, avoir un effet sur la mortalité. Les relations entre les niveaux de pollution atmosphérique et la mortalité ainsi quantifiées permettront la réalisation d'évaluations de l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine dans les agglomérations françaises. L'évolution des relations observées ici par rapport aux études antérieures du Psas souligne la nécessité du maintien d'une surveillance en routine de ces relations en France. (R.A.)

Auteur : Blanchard M, Borrelli D, Chardon B, Chatignoux E, Declercq C, Fabre P, Host S, Jusot JF, Larrieu S, Lefranc A, Medina S, Pascal L, Prouvost H, Saoudi A, Wagner V
Année de publication : 2008
Pages : 41 p.