Programme de surveillance air et santé (Psas). Relations à court terme entre les niveaux de pollution atmosphérique et les admissions à l'hôpital dans huit villes françaises

Publié le 1 novembre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Réalisée dans le cadre du Programme de surveillance air et santé (Psas), la présente étude a pour objectif l'analyse des liens à court terme entre les niveaux de quatre indicateurs de pollution atmosphérique (dioxyde d'azote - NO2, ozone - O3, particules - PM10 et PM2,5) et les admissions hospitalières pour causes respiratoires et cardio-vasculaires, dans 8 agglomérations françaises (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen et Toulouse). Les données de morbidité ont été obtenues par extraction à partir de la base du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) des établissements hospitaliers publics, participant au service public ou de statut privé. Les indicateurs journaliers d'exposition à la pollution atmosphérique - NO2, O3, PM10 et PM2,5 - ont été construits à partir des concentrations mesurées sur chaque zone d'étude par les stations urbaines et périurbaines des Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air. Pour chaque motif d'admission à l'hôpital étudié, les risques ont été estimés en prenant en compte l'exposition du jour de l'événement et de la veille (exposition 0-1 jours). Pour chaque relation exposition/risque, une analyse combinée des résultats obtenus localement a permis d'estimer un risque relatif combiné. Nous avons pu observer des relations significatives entre les niveaux de pollution particulaire (PM10, PM2,5) et de NO2 et le nombre journalier d'hospitalisations pour causes cardiovasculaires. Ces relations sont plus importantes pour les 65 ans et plus. Elles sont également plus élevées pour les causes cardiaques, en particulier les cardiopathies ischémiques, alors qu'elles ne sont pas significatives pour les maladies cérébrovasculaires. Concernant les admissions hospitalières pour causes respiratoires, les excès de risque relatif associés à une augmentation des niveaux de NO2, PM10 et PM2,5 sont hétérogènes entre les zones d'études. Pour ces trois indicateurs de pollution, les excès de risque combiné sur les 8 villes sont positifs mais non significatifs. Les niveaux d'ozone sont significativement associés au risque relatif d'admission à l'hôpital pour causes respiratoires chez les personnes âgées de 65 ans et plus uniquement. Cette étude a été réalisée suivant une méthodologie standardisée dans les huit pôles participants à la fois en termes de recueil des données, de construction des indicateurs et d'analyses statistiques. Cependant, le PMSI, qui demeure avant tout un système d'information à but médico-économique, représente la limite principale de cette étude. En effet, les données qu'il contient ne permettent pas de faire la distinction entre les admissions programmées et les admissions en urgence. De plus, la non-conservation dans certains établissements de santé des données au delà de trois années a conduit dans certaines agglomérations à raccourcir la période d'étude. Ainsi, le manque de spécificité de certains indicateurs sanitaires (notamment respiratoires) et le faible effectif des hospitalisations prises en compte peuvent expliquer les larges intervalles de confiance entourant les estimations des excès de risque relatif observés. Les résultats obtenus ici semblent robustes et valides pour ce qui concerne les hospitalisations pour maladies de l'appareil cardiovasculaire. Pour ce qui concerne les hospitalisations pour causes respiratoires, le manque de spécificité de l'indicateur sanitaire utilisé et le manque de puissance des analyses expliquent certainement les incertitudes qui entourent les résultats obtenus. Dans ce contexte, la possibilité de construire des indicateurs plus spécifiques (distinction des admissions après passage par un service d'urgence des autres admissions) grâce aux modifications survenues au sein du PMSI offre des perspectives intéressantes. L'allongement de la durée de conservation des données du PMSI représenterait également un atout pour ce type d'étude. (R.A.)

Auteur : Lefranc A, Blanchard M, Borelli D, Chardon B, Declercq C, Fabre P, Jusot JF, Larrieu S, Le Tertre A, Pascal L, Prouvost H, Riviere S, Wagner V, Cassadou S, Eilstein D
Année de publication : 2006
Pages : 66 p.