Exposition prolongée à la pollution atmosphérique et mortalité par pathologies respiratoires

Publié le 1 décembre 2009
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'analyse de la relation entre la mortalité respiratoire et l'exposition chronique à la pollution atmosphérique peut être abordée par différents types d'études : les études épidémiologiques (cohortes, études transversales) qui attestent de la relation et les études expérimentales qui l'expliquent. Les études de cohortes qui ont l'avantage de tenir compte de nombreux facteurs de confusion et donc d'éviter un certain nombre de biais (ce qui n'est pas le cas des études transversales), nécessitent beaucoup de moyens humains et financiers. Aussi, ont-elles été menées aux États-Unis tout d'abord mais sont actuellement de plus en plus fréquemment utilisées en Europe. Leurs résultats sont relativement cohérents en ce qu'ils montrent, quasiment tous, l'existence d'une association statistiquement significative entre l'augmentation de la pollution particulaire et la mortalité cardio-pulmonaire. La mortalité par cancer du poumon est également associée à l'exposition chronique aux particules et, dans certaines études, à l'ozone ou aux oxydes d'azote. Les pathologies cérébrovasculaires et même la mort subite du nourrisson ont pu également être mises en relation, parfois, avec la pollution particulaire. Les relations trouvées quand l'exposition est chronique sont quantitativement plus importantes que celles que l'on observe dans l'exposition à court terme mais, comme dans cette dernière, elles sont linéaires et sans seuil. Pour expliquer ces effets (le caractère causal de la relation ne fait plus de doute aujourd'hui), de nombreux phénomènes sont évoqués, surtout pour l'exposition particulaire : augmentation de marqueurs du risque cardiovasculaire (fibrinogène, leucocytes, plaquettes), athérosclérose, inflammation chronique des tissus pulmonaires exacerbée par une exposition aiguë, etc. Des travaux, de plus en plus nombreux, abordent l'interaction gène-environnement voire, même, évoquent des phénomènes épigénétiques à l'origine de ces effets. L'impact, en termes de santé publique, peut être mesuré. Le programme européen Apheis a ainsi estimé que, si la concentration en particules PM2,5 ne dépassait pas 15 ug/m3, un sujet de 30 ans verrait son espérance de vie augmenter de 1 mois à plus de 2 ans selon la ville étudiée. Enfin, la mortalité n'est pas le seul indicateur pertinent pour appréhender les effets de l'exposition à la pollution atmosphérique. Des travaux, comme les études Isaac chez l'enfant, s'intéressent, ainsi, à l'asthme, la rhinite allergique et l'eczéma.

Auteur : Eilstein D
Revue des maladies respiratoires, 2009, vol. 26, n°. 10, p. 1046-58