Analyse commentée. Pollution atmosphérique particulaire, facteurs socio-économiques et mortalité dans les différents quartiers d'une ville industrielle. Numéro thématique. Effets à long terme de la pollution atmosphérique : études nord-américaines

Publié le 1 décembre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Cet article est une analyse commentée d'une étude publiée dans la revue Soc Sci Med 60 ; 2005 : 2845-63. La problématique des particules et des effets d'une exposition chronique sur la santé est un sujet qui mobilise de nombreux chercheurs et répond à une demande croissante d'informations de la part des décideurs. Les études de cohorte sont considérées comme une méthode de référence pour l'étude de l'impact de l'exposition à long terme de la pollution atmosphérique sur la santé. En dehors du fait qu'elles sont longues et coûteuses à mettre en place, ce qui explique en partie le peu d'études publiées, elles font l'objet de critiques concernant la non représentativité des populations étudiées, le manque de contrôle des variables écologiques à une échelle pertinente, la durée du suivi et le contrôle inadéquats des autocorrélations spatiales. Les études transversales écologiques, où l'unité d'observation n'est pas l'individu mais un groupe de personnes, proposent une alternative intéressante aux études de cohortes. L'étude présentée dans cet article fait partie d'un programme de recherche visant à utiliser les différentes méthodes épidémiologiques disponibles (série temporelle, cohorte, étude transversale) pour étudier le lien entre facteurs sociaux, pollution atmosphérique et santé dans la ville canadienne de Hamilton dans l'Ontario. L'objectif de cette étude est de répondre à la question suivante : "Existe-t-il un lien significatif entre l'exposition chronique à une pollution atmosphérique particulaire et la mortalité après prise en compte des déterminants sociaux ?". Cette question porte sur le lien triangulaire entre exposition à la pollution atmosphérique, effets sanitaires et facteurs sociaux. Dans le contexte du programme de recherche dans lequel se situe cette étude et du thème de ce numéro d'Extrapol, les résultats que présente cet article sont intéressants car ils montrent que, quelle que soit la méthode épidémiologique utilisée (série temporelle, cohorte, étude transversale), un lien entre exposition à long terme à la pollution atmosphérique et mortalité est mis en évidence. Au-delà de l'exposition à long terme, cet article présente une méthodologie intéressante pour répondre à la problématique de l'impact de la pollution dans des villes industrielles. La méthode de référence actuellement proposée en France dans le cadre de l'estimation de l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique ne permet pas de prendre en compte les variations intra-urbaines des concentrations de polluants et des caractéristiques socio-économiques, qui sont le propre des zones industrielles. Cependant, dans l'état actuel des choses, il n'est pas possible de reproduire ce type d'étude en France car les données de mortalité ne sont pas disponibles à une échelle aussi fine et, par ailleurs, cela suppose d'avoir des données locales sur le tabagisme, ce qui est rarement le cas. (Extraits de l'article)

Auteur : Prouvost H, Cherigui H
Extrapol. Epidémiologie et pollution atmosphérique. Analyse critique des publications internationales, 2006, n°. 30, p. 31-3