Analyse commentée. Estimation du risque d'altération de la croissance foetale lié à l'exposition à de fines particules durant la grossesse : une étude épidémiologique de cohorte prospective en Pologne. Numéro thématique. Pollution atmosphérique et reproduction

Publié le 1 juin 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Cet article est une analyse critique d'une étude publiée dans la revue Environ Health Perspect 2004;112:1398-402. De nombreuses études ont montré la relation existant entre, d'une part, la consommation de tabac, le tabagisme passif des parents, l'exposition aux polluants de l'air et, d'autre part, le risque de naissance prématurée et de retard de croissance intra-utérin. On sait que le foetus et l'enfant sont plus sensibles que l'adulte aux produits toxiques présents dans l'environnement. L'exposition aux polluants (par exemple PM10 -particules de diamètre inférieur ou égale à 10 um-, CO ou SO2) est estimée dans la plupart de ces études par la concentration ambiante des polluants. Celle-ci est mesurée au moyen des capteurs de surveillance de la qualité de l'air et est alors attribuée aux personnes habitant dans ces zones. Ces études, notamment celles du type écologique, ne permettent pas en général de tenir compte de facteurs connus comme ayant un effet sur la croissance intra-utérine (taille, poids, consommation de tabac de la mère). L'étude polonaise commentée ici est originale car elle utilise des estimations personnelles des expositions et intègre dans son analyse ces différents facteurs confondants. L'objectif de l'étude présentée est de chercher s'il existe une relation entre l'exposition personnelle de femmes enceintes aux PM2,5, et la taille, le poids et le périmètre crânien du bébé à la naissance. Les résultats obtenus viennent conforter ceux de nombreuses autres études épidémiologiques qui mettent en évidence l'effet des particules fines sur la santé à différents niveaux (cancérogénicité, affections respiratoires et cardiovasculaires¿). D'un point de vue plus général, cette étude apporte une nouvelle preuve de l'enjeu sanitaire de mieux évaluer les risques pour la santé liés à l'exposition aux particules fines. Il reste cependant, comme l'évoquent les auteurs, à développer de nouvelles recherches pour comprendre les mécanismes d'actions de ces particules sur le développement foetal. La réponse proviendra peut-être d'études plus approfondies sur la nature physico-chimique de ces particules dites fines voire ultra-fines.

Auteur : Ducot B, Nerriere E
Extrapol. Epidémiologie et pollution atmosphérique. Analyse critique des publications internationales, 2006, n°. 28, p. 25-7