Alimentation et risques pour la santé des personnes migrantes en situation de précarité : une enquête multicentrique dans sept Centres d'accueil, de soins et d'orientation de Médecins du Monde France, 2014.

Publié le 5 septembre 2017
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : les programmes de Médecins du Monde (MdM) accueillent des personnes précaires en difficulté d'accès aux soins et aux droits à la santé. Il s'agit en grande majorité des ressortissants étrangers (primo-arrivants comme résidents). Les équipes constatent depuis peu une augmentation du nombre de patients ayant une alimentation insuffisante et déstructurée, mais aussi des demandes d'aide alimentaire. Matériel et méthodes : une enquête a été menée auprès des populations rencontrées dans sept Centres d'accueil, de soins et d'orientation (Caso) de MdM en France afin de documenter leur accès à l'alimentation, leurs pratiques alimentaires et leur état de santé en fonction de leur statut socioéconomique. Un questionnaire a été proposé à toute personne se présentant dans ces centres, en amont de la consultation médicale où étaient recueillies les mesures anthropométriques et les pathologies. Trois cent quarante-six personnes ont été incluses dans l'enquête, dont 335 ressortissants étrangers. Résultats : plus de 78,5% des personnes enquêtées appartenaient à un foyer vivant en situation d'insécurité alimentaire pour raisons financières. En moyenne, les personnes déclaraient dépenser 2,5 EUR par personne et par jour pour se nourrir. Le nombre moyen de repas pris au cours des 24 heures précédant l'enquête était de 2,2, et 45,9% ont déclaré n'avoir pas mangé une journée entière au moins une fois au cours du mois. Les personnes rencontrées connaissaient peu les dispositifs d'aide : seules 42% avaient eu recours au moins une fois à des structures d'aide alimentaire le mois précédant l'enquête. Concernant leur état nutritionnel, 2,6% étaient en situation de maigreur, 34,1% en surpoids et 18,7% obèses. Discussion-conclusion : les résultats de cette enquête révèlent tout l'intérêt de développer des prises en charge et des circuits d'alimentation accessibles et favorables à la santé de telles populations. Il convient également d'adapter des actions de prévention et de promotion de la santé pour toucher les plus précaires et les migrants, et d'agir sur les déterminants sous-jacents de la malnutrition (accès au logement, aide financière, conditions de séjour...).

Auteur : Chappuis M, Thomas E, Durand E, Laurence S
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2017, n°. 19-20, p. 415-22