Analyse commentée. Liens entre pollution particulaire et mortalité au sein de la cohorte de l'American Cancer Society : ré-analyse des résultats originaux et analyses complémentaires. Numéro thématique. Effets à long terme de la pollution atmosphérique : études nord-américaines

Publié le 1 décembre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Cet article est une analyse commentée des trois études suivantes : Pope CA 3rd, Burnett RT, Thun MJ, Calle EE, Krewski D, Ito K, Thurston GD. Lung cancer, cardiopulmonary mortality, and long-term exposure to fine particulate air pollution. JAMA. 2002 Mar 6;287(9):1132-41. Pope CA 3rd, Burnett RT, Thurston GD, Thun MJ, Calle EE, Krewski D, Godleski JJ. Cardiovascular mortality and long-term exposure to particulate air pollution: epidemiological evidence of general pathophysiological pathways of disease. Circulation. 2004 Jan 6;109(1):71-7. Krewski D, Burnett RT, Goldberg MS, Hoover BK, Siemiatycki J, Jerrett M, Abrahamowicz M, White WH. Overview of the reanalysis of the Harvard Six Cities Study and American Cancer Society Study of Particulate Air Pollution and Mortality. J Toxicol Environ Health A. 2003 Aug 22-Oct 10;66(16-19):1507-51. Si les effets à court terme de la pollution atmosphérique ont été largement étudiés, les effets à long terme, en revanche, ont été beaucoup moins explorés car leur étude nécessite la mise en place de cohortes de grande envergure à la fois en termes d'effectif et de temps de suivi. La plus grosse étude de cohorte initiée dans cet objectif est celle de l'American Cancer Society (ACS), dont les résultats ont été publiés au milieu des années 90. Elle portait sur plusieurs centaines de milliers d'Américains vivant dans les 50 états, les districts de Colombia et de Puerto Rico, suivis pendant 6 ans afin d'étudier les effets de la pollution sur la mortalité cardio-pulmonaire. Ses résultats, ainsi que ceux d'une autre cohorte américaine, l'étude des 6 villes, ont joué un rôle majeur dans les débats publics autour des valeurs de référence proposées par l'US-EPA (Agence de protection de l'environnement des États-Unis d'Amérique) pour les particules en suspension. Certains acteurs de ce débat ont alors pointé ce qu'ils considéraient comme des limites de ces études : biais introduit par la non prise en compte de facteurs de confusion potentiels (sédentarité, exposition passive ou active à la fumée de cigarette, facteurs climatiques) et suggéré que les résultats obtenus pourraient être différents si des modèles statistiques alternatifs avaient été utilisés. L'US-EPA a alors fait l'objet de pressions importantes de représentants de l'industrie, du monde politique et de scientifiques, visant à mettre les données originales de ces deux études à disposition pour des analyses complémentaires. L'université de Harvard et l'American Cancer Society ont alors proposé à l'US-EPA de confier une mission de ré-analyse des données des deux études au Health Effects Institute (HEI), une organisation indépendante financée à part égale par l'US-EPA et l'industrie automobile. Le HEI a de ce fait désigné un groupe d'experts pour lancer un appel d'offres pour cette ré-analyse : c'est une équipe de chercheurs canadiens et américains, animée par Daniel Krewski, de l'université d'Ottawa, qui a été retenue pour entreprendre la ré-analyse. Le but de cette lecture critique est de présenter les principaux résultats obtenus dans le cadre de l'ACS concernant les effets à long terme de la pollution atmosphérique ainsi que ceux de la ré-analyse initiée par le HEI. (Extrait de l'article)

Auteur : Declercq C, Le Moullec Y, Larrieu S
Extrapol. Epidémiologie et pollution atmosphérique. Analyse critique des publications internationales, 2006, n°. 30, p. 8-14