Evaluation quantitative du risque de mésothéliome et de cancer du poumon chez les mécaniciens de véhicules automobiles. Décembre 2003

Publié le 1 décembre 2003
Mis à jour le 6 septembre 2019

Pour répondre à une demande des pouvoirs publics concernant l'impact sanitaire de l'exposition à l'amiante contenue dans les véhicules automobiles dans la population des mécaniciens, une évaluation quantitative du risque d'apparition de cancer (cancer du poumon et mésothéliome de la plèvre) dans cette population a été effectuée. Pour réaliser cette évaluation dans le cadre du bref délai imparti un recensement des données disponibles a été effectué. La population des mécaniciens automobiles a été sélectionnée à partir des données du recensement 1999 (Insee), par classe d'âge de 5 ans, sur les secteurs d'activités (NAF) et les professions et catégories sociales (PCS) dans la population active. Les calculs de risque ont ainsi été effectués chez 242 360 hommes âgés de 16 à 60 ans exerçant le métier de mécanicien automobile. L'exposition à l'amiante des mécaniciens est essentiellement associée au travail sur les organes friables antérieurs à 1997 (freins à disque et à tambour; garnitures d'embrayage). Les mesures d'empoussièrement disponibles correspondant aux interventions sur ces organes étaient d'une très grand variabilité. Aucune donnée caractérisant le temps consacré à ces interventions par les mécaniciens au cours d'une semaine de travail n'existait. C'est pourquoi, des profils hebdomadaires d'exposition ont été simulés à partir de différents niveaux associés aux tâches et de données issues de l'enquête SUMER 1994. Les modèles appliqués sont habituellement utilisés par les autorités sanitaires internationales pour évaluer les effets cancérogènes du chrysotile. Les scénarios d'exposition introduits dans les calculs combinent différents niveaux attachés aux tâches effectuées avec deux périodes, différentes répartitions des proportions de mécaniciens exposés et deux dates d'extinction du parc automobile. L'un des scénarios explorés est apparu comme le plus réaliste : il suppose que tous les mécaniciens ont été exposés à l'amiante, que cette exposition se situait entre 0,06 et 0,25 fibres/ml hebdomadaires en moyenne pour la période antérieure à 1997 (date d'interdiction de commercialisation de véhicules neufs contenant de l'amiante) et entre 0,01 et 0,06 pour la période allant de 1998 à 2010. Selon ce scénario, le nombre de décès par cancer (cancer du poumon et mésothéliome) dû à exposition à l'amiante qui surviendraient (vie entière) dans cette population de mécaniciens serait de 604 décès d'ores et déjà "fixés" par l'exposition subie antérieurement à 2003 et inévitables, et 42 décès supplémentaires seraient constatés si aucune mesure ne venait modifier l'état du parc automobile. (R.A.)

Auteur : Imbernon E, Marchand JL, Goldberg M
Année de publication : 2003
Pages : 40 p.