Surveillance hivernale des effets du froid sur la santé des populations sans-domicile en région Île-de-France : utilisation des données du réseau d'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (Oscour®)

Publié le 1 décembre 2011
Mis à jour le 6 septembre 2019

Position du problème. La mobilisation hivernale en faveur des personnes sans-domicile, activée chaque année du 1er novembre au 31 mars, vise à réduire le risque de mortalité et de morbidité dans cette population lors des périodes de froid ou de grand froid. Une surveillance hivernale des effets sanitaires du froid dans cette population a été proposée en Île-de-France afin d'évaluer l'adéquation des mesures prises et d'alerter les pouvoirs publics en cas d'augmentation inhabituelle. L'objectif de l'étude était la construction d'un indicateur pour cette surveillance, basé sur l'activité des services d'urgence de la région participant au réseau d'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (Oscour®). Méthodes. Les informations contenues dans les dossiers médicaux informatisés de 11 services d'urgence franciliens pendant l'hiver 2007-2008 ont permis de déterminer le statut de personne sans-domicile et de confirmer les diagnostics posés lors de passages sélectionnés dans la base de données Oscour® par un code diagnostique ou un motif de recours évoquant une hypothermie, des gelures ou des engelures. La construction de l'indicateur s'est basée sur la maximisation de trois critères concernant la valeur prédictive positive, la proportion de personnes sans-domicile et le nombre de passages aux urgences concernés. Une carte de contrôle aux attributs de Shewhart a été appliquée à l'indicateur pendant quatre saisons hivernales entre 2005 et 2009 sur Paris et sa proche couronne afin de détecter les dépassements de seuil statistique pouvant signaler un besoin d'ajustement du dispositif. Résultats. Deux cent seize dossiers ont été consultés. L'indicateur " nombre de passages aux urgences de personnes âgées de 15 à 69ans pour code diagnostique ou motif de recours évoquant une hypothermie ", ayant une valeur prédictive positive proche de 85 % et identifiant 61,7 % de personnes sans-domicile, a été construit. Pendant l'hiver 2008-2009, le seuil d'alerte statistique a été dépassé en décembre lors de la première vague de froid, puis début janvier lors de la vague de grand froid. Conclusion. Les résultats ont montré l'intérêt de la surveillance de cet indicateur sanitaire pour l'adaptation du dispositif mis en place dans le cadre de la mobilisation hivernale en faveur des personnes sans-domicile.

Auteur : Rouquette A, Mandereau Bruno L, Baffert E, Laaidi K, Josseran L, Isnard H
Revue d'épidémiologie et de santé publique, 2011, vol. 59, n°. 6, p. 359-68