Etude des facteurs de risque de décès des personnes âgées résidant à domicile durant la vague de chaleur d'août 2003. Juillet 2004

Publié le 1 avril 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

Une vague de chaleur d'une ampleur exceptionnelle est survenue en France au cours de la période du1er au 15 août 2003, qui a causé le décès de près de 15 000 personnes. Les personnes décédées étaient surtout des personnes âgées de 65 ans et plus (91 %), habitant dans les agglomérations ; 35 % des décès sont survenus au domicile des personnes. Une étude visant à appréhender au mieux les facteurs de risque de la mortalité chez les personnes âgées vivant à domicile a été conduite afin d'orienter les programmes de prévention. Une étude cas-témoins appariée a été réalisée. Les cas étaient des personnes habitant à Paris, Orléans, Tours ou une des communes du Val-de-Marne, qui résidaient à leur domicile au moins depuis le 4 août, décédées entre le 8 et le 13 août de causes autres qu'accidents, suicides et complications chirurgicales. Les témoins étaient des personnes ayant survécu à la période de canicule, appariées aux cas sur le sexe, la classe d'âge et la zone d'habitation. Les témoins ont été recrutés à partir d'une liste téléphonique incluant les numéros en liste rouge. Les variables collectées concernaient les caractéristiques sociodémographiques, les comportements pendant la canicule, l'environnement social et familial, l'autonomie, l'état de santé, les caractéristiques du logement, et celles de l'environnement dans un rayon de 200 m. Les données ont été analysées par un modèle de régression logistique conditionnelle. 259 paires de cas et témoins ont pu être constituées. Les variables significativement liées au décès au seuil de 5 % en analyse multivariée étaient la catégorie socioprofessionnelle (OR=3,6 pour les ouvriers), le degré d'autonomie (OR=9,6 pour les personnes confinées au lit ou au fauteuil, 4,0 pour les personnes non confinées au lit ou au fauteuil mais ne pouvant pas s'habiller ou se laver seule), les maladies cardiovasculaires (OR=3,7), les maladies psychiatriques (OR=5,0) les maladies neurologiques (OR=3,5), la qualité de l'isolation du logement (OR=4,8 pour les immeubles anciens non isolés par rapport aux immeubles récents, ou anciens isolés), le fait d'avoir sa chambre sous les toits (OR=4,1), la température moyenne des surfaces mesurée par satellite dans un rayon de 200 m du domicile (OR=1,8 pour une augmentation de 1°C). Certains comportements d'adaptation à la canicule avaient un effet protecteur, comme se vêtir moins (OR=0,22) et utiliser un moyen de rafraîchissement (OR=0,32). Les résultats sont globalement cohérents avec ceux d'autres études. Ils aident à définir un profil de personnes à risque et montrent l'importance des comportements individuels pour lutter contre la chaleur. L'amélioration de l'habitat apparaît aussi comme une voie de prévention. La mise en évidence d'un effet sur la mortalité des différences de température à l'intérieur même des villes permet également d'orienter la prévention sur les caractéristiques de l'urbanisme à l'échelle du quartier.

Auteur : Bretin P, Vandentorren S, Zeghnoun A, Ledrans M
Année de publication : 2005
Pages : 116 p.