Consommation et approvisionnement en alcool à 17 ans en France : résultats de l'enquête ESCAPAD 2017

Publié le 19 février 2019
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : pour pallier l'absence de données épidémiologiques sur les niveaux d'usage de substances psychoactives en population adolescente, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a initié en 2000 une enquête sur les modes de vie, la santé et les consommations de tabac, d'alcool et de produits stupéfiants auprès des adolescents français convoqués à la Journée Défense et citoyenneté (JDC). Le neuvième exercice de l'enquête nationale ESCAPAD (Enquête sur la santé et les comportements lors de l'appel de préparation à la défense) s'est déroulé en 2017. Ce dernier exercice est l'occasion de faire un état des lieux des consommations d'alcool et des modes d'approvisionnement à la fin de l'adolescence en 2017. Méthodes : l'enquête a été réalisée auprès de 39 115 adolescents âgés de 17 ans, interrogés à l'aide d'un questionnaire papier auto-administré et anonyme en mars 2017. Une analyse transversale décrit l'usage de boissons alcoolisées et l'approvisionnement selon le sexe, et les différents niveaux de fréquences de consommation. Résultats : en 2017, 85,7% des adolescents de 17 ans ont déclaré avoir déjà bu de l'alcool au cours de leur vie. L'usage régulier d'alcool (au moins dix fois dans le mois) concernait 1 jeune sur 10 (8,4%) et 44,0% des jeunes de 17 ans ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante (API) au cours du mois. Par ailleurs, malgré l'interdiction de vente aux mineurs, les adolescents qui ont déclaré avoir bu des boissons alcoolisées dans le mois étaient 91,0% à en avoir acheté en magasin et 77,5% à en avoir consommé dans un débit de boissons. La majorité d'entre eux (52,7%) a déclaré en outre n'avoir jamais eu à présenter de carte d'identité pour justifier de son âge lors d'un achat en bar ou en restaurant. Conclusion : les résultats d'ESCAPAD 2017 confirment la très grande diffusion de l'alcool à l'adolescence et la persistance des comportements d'alcoolisations ponctuelles importantes (API). En outre, l'interdiction de vente de boissons alcoolisées aux mineurs s'avère peu efficace au regard de la facilité avec laquelle les adolescents semblent s'en procurer. Si ces analyses liminaires font apparaitre un léger recul significatif de l'expérimentation et des usages réguliers d'alcool entre 2014 et 2017, elles révèlent aussi la nécessité de renforcer les actions pour mieux garantir le respect de législation de la vente d'alcool.

Auteur : Philippon Antoine, Le Nézet Olivier, Janssen Eric, Cogordan Chloé, Andler Raphaël, Richard Jean-Baptiste, Spilka Stanislas
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2019, n°. 5-6, p. 109-115