Attentats de janvier 2015 : premiers résultats de l’étude I.M.P.A.C.T.S pour mieux comprendre et prendre en charge les personnes exposées

Suite aux attentats qui ont endeuillé la France en janvier 2015, Santé publique France et l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France ont mis en place une enquête épidémiologique, I.M.P.A.C.T.S1. Cette enquête vise à mesurer les conséquences de ces événements sur la santé mentale des personnes touchées (victimes, endeuillés, intervenants, témoins) et à décrire la prise en charge et l’accompagnement qu’elles ont reçus. Les résultats préliminaires de cette étude sont dévoilés aujourd’hui avant leur publication prévue fin 2016.

I.M.P.A.C.T.S : pour mieux comprendre et prendre en charge les personnes exposées

L’enquête a été initiée à la suite des attaques à Charlie Hebdo, à Montrouge, à la porte de Vincennes et à Damartin-en-Goële et s’est déroulée du 1er juin au 31 octobre 2015. Elle a été menée par des psychologues sous forme d’entretiens auprès de 190 civils (victimes, témoins ou personnes endeuillées) et 232 professionnels (sapeurs-pompiers, forces de l’ordre et de l’intervention, secours médico-psychologiques et secours associatifs).

En population civile

Un traumatisme encore tangible 6 mois après

Les résultats préliminaires révèlent que l’impact psycho-traumatique reste très important. Ainsi, six mois après les attentats, près de 4 personnes sur 10 présentaient toujours au moins un trouble de la santémentale : stress post-traumatique (20%) ; dépression caractérisée (10%) ; troubles anxieux (30%). L’enquête confirme également que plus les personnes ont été exposées aux attentats (directement ou indirectement menacées, ayant vu/entendu les terroristes et/ou des victimes), plus les conséquences psycho-traumatiques sont importantes.

Par ailleurs :

  • un quart des personnes avait consulté un médecin pour un problème de santé autre que psychologique et lié aux événements ;
  • un tiers de ces personnes se sont retrouvées dans l’impossibilité de travailler du fait de leur santé suite aux événements ;
  • 6% n’avaient toujours pas repris leur travail six mois après.

L’importance de la prise en charge médico-psychologique

Plus de la moitié des personnes exposées a bénéficié d’une prise en charge médico-psychologique ou reçu une forme de soutien. Les personnes ayant bénéficié d’une prise en charge précoce ont eu deux fois moins de troubles à six mois que les autres. L’étude montre que seulement 4% des civils directement menacés ont consulté spontanément.

L’enquête souligne ainsi l’importance d’une prise en charge pour prévenir les effets sur la santé mentale. Le repérage pour proposer un accompagnement médico-psychologique de toutes les victimes, qu’elles soient simple témoin ou directement menacées constitue un enjeu majeur, car ces personnes ne pensent pas spontanément à consulter un professionnel de santé ou à en parler.

Chez les professionnels

Des intervenants particulièrement exposés

Face à cette situation exceptionnelle, la mobilisation des professionnels pendant les événements a été particulièrement intense : le premier jour, les acteurs de secours et les forces de l’ordre ont été présents 11h en moyenne et un tiers des professionnels sont intervenus sur plusieurs sites.

Après les évènements, la durée de mobilisation moyenne autour de ces évènements a été de 17 jours pour les acteurs du secours et de 29 jours pour les forces de l’ordre.

Des conséquences sur la santé

Les résultats préliminaires révèlent que l’impact psycho-traumatique a été moins important chez les intervenants qu’en population civile : 3% des intervenants déclarent un état de stress post-traumatique et 14% ont au moins un trouble anxieux du type anxiété ou agoraphobie. On observe que les conséquences psychopathologiques de l’évènement varient selon l’existence d’une formation spécifique préalable au stress psychique.

Parmi les intervenants, ceux faisant partie des forces de l’ordre ont été les plus exposées à la menace, et les plus endeuillées.

Les professionnels ont été considérablement mobilisés auprès des victimes tant en terme de durée que d’intensité émotionnelle. L’impact sur la santé mentale des professionnels a été moindre grâce aux formations dont ils ont pu bénéficier et à une prise en charge précoce. Les résultats de l’enquête mettent en lumière l’intérêt de généraliser les formations à la gestion du stress et aux conséquences psycho-traumatiques pour prévenir les conséquences sur la santé.