Attentat de janvier 2015 : Santé publique France publie les résultats de l'étude I.M.P.A.C.T.S

Suite aux attentats qui ont endeuillé la France en janvier 2015, Santé publique France et l'Agence régionale de santé Ile-de-France ont mis en place l'étude I.M.P.A.C.T.S. Les résultats complets de cette étude menée auprès des personnes touchées par les événements (victimes, endeuillés, intervenants, témoins) sont publiés aujourd'hui.

Publié le 10 février 2017

Population d'étude

Sur les 978 personnes ayant répondu au questionnaire, 422 ont fait partie de la population d'étude : 190 personnes civiles et 232 intervenants. Parmi les motifs de refus, le " manque de temps " représentait 44 % chez les intervenants et une " souffrance encore présente " ou encore " la volonté de ne pas revenir sur un événement douloureux " représentait 33 % au sein de la population civile.

Schéma d'inclusion de la population

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En population civile : 6 mois après, un traumatisme toujours présent

Ces premiers résultats ont permis de démontrer que, 6 mois après les événements, des conséquences psycho-traumatiques étaient toujours importantes dans la population civile. Près de 4 personnes sur 10 présentaient au moins un trouble de la santé mentale avec une sévérité variable selon l'intensité de l'exposition : un stress post-traumatique (20 %), une dépression caractérisée (20 %) et des troubles anxieux (30 %). Les personnes les plus touchées étaient les personnes directement menacées et les personnes proches d'une victime (personne tuée, blessée ou prise en charge). Cependant, des témoins non directement menacés présentaient eux-aussi des troubles psychiques à 6 mois. A noter également que la prise en charge précoce des personnes était associée à une fréquence moindre de troubles anxieux et dépressifs à 6 mois.

Eléments à retenir :

  • Plus de la moitié de la population a bénéficié d'une prise en charge médico-psychologique ou reçu une forme de soutien et 7 % l'ont fait de leur propre initiative.
  • Un quart de la population interviewée a engagé un suivi psychiatrique ou psychologique à 6 mois dans le secteur libéral ou hospitalier.
  • Plus de 20 % des répondants ont augmenté leur consommation de substances psychoactives (alcool, tabac et/cannabis).
  • 25 % de la population a consulté un médecin pour un problème autre que psychologique qu'elle considérait comme étant en lien avec l'événement (troubles du sommeil, fatigue, troubles cardio-vasculaires, ostéo-articulaires ou dermatologiques).
  • 32 % des répondants se sont retrouvés dans l'impossibilité de travailler du fait de leur état de santé dont 11 % n'avaient pas encore pu reprendre leur travail 6 mois après les événements

Chez les intervenants : une mobilisation considérable en termes de durée et d'intensité

Les professionnels ont été considérablement mobilisés auprès des victimes. Les forces de l'ordre ont été les intervenants les plus exposés à la menace et les plus souvent endeuillés parmi les répondants. L'impact sur la santé mentale des professionnels a été différent par rapport à la population civile. Les résultats de l'enquête mettent en lumière l'intérêt de généraliser les formations à la gestion du stress et aux conséquences psycho-traumatiques pour prévenir les conséquences sur la santé.

Eléments à retenir :

  • 11h de présence en moyenne le premier jour pour les acteurs de la prise en charge psychologique et les forces de l'ordre.
  • Un tiers des intervenants sont intervenus sur plusieurs sites, ceci posant question sur le cumul des expositions.
  • Des conséquences psychopathologiques moins fréquentes qu'en population civile.
  • Moins de 10 intervenants ont eu un état de stress post-traumatique et près d'un intervenant sur 10 au moins un trouble anxieux.
  • Moins d'un intervenant sur 10 a été dans l'impossibilité de travailler et une vingtaine ont été mis au repos au décours de l'intervention.
  • 86,3 % des intervenants ont déclaré connaître une personne ressource au sein de leur institution pouvant leur apporter une aide.

Répartition des intervenants impliqués dans les attentats de janvier 2015 en Ile-de-France en fonction de l'institution, IMPACTS janvier 2015, Santé publique France

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Un second entretien pour compléter l'étude

Les résultats de la première vague de l'étude IMPACTS ont été consolidés et enrichis par la réalisation d'un second entretien auprès de la même population, qui a eu lieu entre juin et octobre 2016 (12 mois après la première inclusion). Plus de 350 personnes sur les 473 recrutées pour cette seconde vague ont accepté de participer. Cette étude de cohorte, réalisée en collaboration avec l'Inserm, permet de mesurer la rémission, la persistance ou la réactivation des troubles par les évènements survenus depuis, et les conséquences des attentats dans leur vie familiale ou professionnelle ainsi que les trajectoires de prise en charge (ruptures et reprise de soins) engagées par ces personnes exposées.

Santé publique France propose un dossier dédié pour faire face aux événements choquants. Ce dossier met à disposition des personnes exposées des informations sur les événements de santé pouvant survenir suite à un psycho-traumatisme et sur les dispositifs de prise en charge disponibles.

En savoir plus :

•    Vandentorren S., Sanna A., Aubert L., Pirard P., Motreff Y., Dantchev N., Baubet T. Etude de cohorte Impacts. Première étape : juin-octobre 2015. Saint-Maurice : Santé publique France ; 2017. 92 p.•    Dossier actes terroristes.