Evaluation des risques sanitaires associés à l'inhalation de composés organiques volatiles, métaux lourds et hydrocarbures aromatiques polycycliques autour de 3 zones multi-émettrices en Rhône-Alpes

Publié le 1 décembre 2008
Mis à jour le 6 septembre 2019

Certaines zones en Rhône-Alpes concentrent à la fois de nombreuses industries, un important trafic routier et de grandes populations, ce qui pose la question de l'impact sanitaire des émissions atmosphériques sur ces zones. Trois zones ont été retenues pour l'étude, où l'industrie chimique est particulièrement implantée : le sud lyonnais (Pierre-Bénite, Saint-Fons), le sud grenoblois (Pont-de-Claix, Jarrie) et la moyenne vallée du Rhône (Roussillon, Salaise-sur-Sanne). Dans un but d'information des acteurs locaux et d'aide à la définition de priorités d'action en matière de réduction des émissions, l'objectif de l'étude était de s'appuyer sur la métrologie pour : - évaluer les expositions chroniques par inhalation aux COV, HAP et métaux lourds émis par les sources extérieures de pollution dans les quartiers les plus exposés à ces sources sur les zones d'étude ; - estimer les risques sanitaires potentiels associés à ces expositions. Les mesures ont été financées par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass) de Rhône-Alpes. Elles ont été réalisées par Atmo Rhône-Alpes en 2006/2007 avec 2 ou 3 points de mesure par zone d'étude, 4 campagnes de mesures (une par saison) pour un total d'environ 36 jours de prélèvement pour chaque polluant et chaque point de mesure. Atmo Rhône-Alpes a rédigé un rapport indépendant détaillant les résultats métrologiques. Onze COV chlorés, 5 COV précurseurs de l'ozone, 2 aldéhydes, 4 métaux lourds et 15 HAP ont été retenus pour l'évaluation des risques sanitaires. Pour beaucoup de ces polluants, les concentrations mesurées étaient assez variables d'un jour à l'autre avec, parfois, des pics importants de pollution. Dans ces conditions, les jours échantillonnés pouvaient avoir une influence sur les concentrations d'exposition moyennes annuelles calculées. D'autre part, il a été fait l'hypothèse que les concentrations mesurées en 2006/2007 permettaient d'estimer les expositions moyennes des personnes sur de longues périodes. Ceci a constitué l'incertitude majeure de l'évaluation des risques. Pour beaucoup de polluants, les concentrations mesurées sur les différents points de mesure d'une même zone étaient assez proches, ce qui a permis de considérer une certaine homogénéité des expositions dans les quartiers entourant les points de mesure. Mais des situations particulières ont été identifiées pour certains polluants à proximité de certains points de mesure. Malgré ces limites, l'étude a montré l'intérêt de s'appuyer sur des mesures pour évaluer les risques sanitaires par inhalation associés aux émissions de COV, HAP et métaux lourds. L'évaluation des risques a fait ressortir qu'il n'y avait pas d'effet systémique attendu sur les zones d'étude en lien avec les expositions étudiées mais que les expositions par inhalation à certains COV étaient susceptibles de générer des risques cancérigènes. Il s'agissait notamment : - pour la zone du sud lyonnais : du chlorure de vinyle monomère (en particulier sur Saint-Fons), du benzène, du 1,3-butadiène, du tétrachloroéthylène (sur Pierre-Bénite et Saint-Fons), de l'acétaldéhyde (sur Saint-Fons) ; - pour la zone du sud grenoblois : du formaldéhyde (sur Jarrie), du benzène, du 1,2- dichloroéthane (sur Jarrie) ; - pour la zone de Roussillon : du benzène. D'un point de vue sanitaire, ces COV sont donc apparus comme ceux devant faire l'objet d'actions prioritaires de réduction des émissions. Cependant, les concentrations d'exposition par inhalation à certains COV dans les zones d'étude, associées aux sources extérieures de pollution sur ces zones, étaient plus faibles ou du même ordre de grandeur que les concentrations d'exposition à l'intérieur des logements de l'ensemble de la population française (du fait des sources intérieures de pollution). Par ailleurs, les nombres potentiels de cas de cancers en excès sur les zones d'étude susceptibles de survenir en lien avec les expositions étudiées (sous l'hypothèse de concentrations d'exposition similaires dans le passé et dans l'avenir) restaient très faibles, au regard du nombre total de cas attendus. (R.A.)

Auteur : Schmitt M
Année de publication : 2008
Pages : 88 p.