charbon
Charbon

Le charbon est une zoonose due à Bacillus anthracis. Cette bactérie produit des toxines responsables de nécrose et d’hémorragie qui en font une bactérie dont l’infection est potentiellement mortelle.

Mis à jour le 20 août 2019

Le charbon : la maladie

Une zoonose bactérienne       

Le charbon ("anthrax" en anglais, à ne pas confondre avec le terme français anthrax qui désigne une infection à staphylocoque) est une zoonose due à Bacillus anthracis.
Toutes les espèces de mammifères domestiques et sauvages (surtout les herbivores) et de rares espèces d'oiseaux peuvent infectées par le charbon.
De répartition mondiale, la maladie est également présente en France : l’enfouissement au cours des siècles passés de cadavres d’animaux morts de charbon a contribué à la contamination de certains sols dits « champs maudits » où, historiquement, des foyers sont apparus périodiquement. Les spores bactériennes sont en effet très résistantes et peuvent survivre plusieurs dizaines d’années dans le sol.

Les formes cliniques chez l’être humain sont cutanées, digestive ou pulmonaire selon le mode de contamination.

La déclaration de la maladie est obligatoire. Le signalement immédiat de tout cas suspect ou avéré d’infection au bacille du charbon permet la mise en œuvre des investigations nécessaires pour identifier la source d’exposition naturelle ou malveillante.

Dans ce contexte, les enjeux de Santé publique France sont :

  • détecter au plus tôt tout cas humain d’infection à B. anthracis afin de déterminer l’origine de la contamination et appuyer les autorités pour la mise en œuvre de mesures de contrôle ;
  • en cas de charbon animal, contribuer à l’évaluation de risque des personnes exposées aux animaux infectés, afin de prévenir la survenue de la maladie ;
  • d’informer les professionnels de santé et les pouvoirs publics.
Les chiffres-clés du charbon
Infographie concernant le charbon

Modes de contamination

Le charbon affecte de nombreuses espèces de mammifères, principalement les herbivores (bovins, moutons, chèvres et chevaux).1

L’Homme peut être contaminé de plusieurs manières :

  • par contact cutané avec des spores présentes sur des matériels ou des produits animaux contaminés ;
  • par inhalation d'un aérosol de spores pénétrant dans les alvéoles pulmonaires et transportées par voie lymphatique dans les ganglions médiastinaux. La germination des spores à ce niveau libère des toxines provoquant hémorragies, œdème et nécrose des tissus ;
  • par ingestion de produits contaminés, la germination des spores libérant les toxines à différents niveaux du tube digestif : bouche, œsophage ou intestin.

La transmission de personne à personne n’a jamais été documentée.

Le contact direct avec un animal infecté est le mode le plus fréquent de contamination, mais ce contact n’est pas indispensable à l’infection. Une contamination à partir du sol ou de surfaces souillées par des fluides biologiques d’animaux infectés est possible.

La persistance des spores dans l’environnement est responsable de résurgence de la bactérie et de la maladie animale, par exemple à la suite d’incidents climatiques tels que des inondations, ou de travaux d’aménagement ou de terrassement. Ces situations constituent des circonstances d’exposition à risque pour les personnes, soit directement aux spores remontées à la surface, soit aux animaux nouvellement infectés.

Bacillus anthracis appartient à la liste des agents susceptibles d’être utilisés dans le cadre d’actions malveillantes : en 1979, une épidémie massive de charbon d’inhalation s’est déclarée à Sverdlosk (ex-URSS) et a tué 68 personnes. Elle était liée à la diffusion accidentelle d’un aérosol de spores sèches du charbon. L'OMS a estimé en 1970 que 50 kg de spores du charbon épandus par avion sur une zone urbaine de 5 millions d'habitants pourraient contaminer 250 000 personnes et entraîner la mort de 100 000 personnes. En 2001, l’envoi d’enveloppes de poudre contenant B. anthracis à plusieurs personnalités américaines, en particulier au congrès, ont conduit au décès de 5 personnes et mobilisé des moyens inédits pour décontaminer les bâtiments affectés.

Prévention

En France, les personnes les plus exposées au charbon sont celles ayant des activités professionnelles à risque.2

  • Personnes en contact avec des animaux vivants ou morts ou leurs sous-produits : éleveurs, vétérinaires, personnel des abattoirs, des équarrissages, des mégisseries...
  • Personnes en contact avec des sols contaminés ("champs maudits") : travaux publics…
  • Personnes travaillant dans les laboratoires vétérinaires ou médicaux recevant ce type de prélèvements.

La prévention des contaminations professionnelles par le charbon repose sur la réduction des sources de contamination possibles et le respect des règles d’hygiène :

  • port d’équipements individuels de protection adaptés aux tâches et à l’environnement de travail (laboratoire, élevage, équarrissage) ;
  • nettoyage régulier des vêtements de travail ;
  • lavage fréquent et systématique des mains (après contact avec les animaux, les déchets ou les déjections animales, avant les repas, les pauses, en fin de journée de travail).

Il n’existe pas de vaccin commercialisé pour l’Homme.

En savoir plus :

Site de l’INRS : www.inrs.fr
Site de l’INERIS : www.ineris.fr/fr
Site de la MSA : www.msa.fr/lfy

Symptômes et diagnostic

La maladie humaine se présente généralement sous trois formes, cutanée, d’inhalation ou gastro-intestinale, le charbon cutané étant la forme la plus fréquente :

Forme d'inhalation

Improprement appelé forme " pulmonaire " (il ne s’agit pas d’une pneumopathie).
D’après les données disponibles, la maladie présenterait deux phases : 1) un syndrome infectieux initial qui peut durer de quelques heures à quelques jours. 2) l’apparition secondaire et fulminante d’une défaillance respiratoire associée à un syndrome septicémique. La radiographie thoracique montre un élargissement du médiastin lié à des adénopathies. Dans la moitié des cas, les patients développent une forme méningée hémorragique. En l’absence de traitement antibiotique très précoce (lors de la phase initiale de la maladie), la létalité varie entre 80 et 100%. Le délai moyen entre début des symptômes et décès est de 3 jours.

Forme cutanée

Les zones cutanées exposées (bras, mains, face et cou) sont les plus fréquemment touchées.
La maladie débute par une macule ou papule prurigineuse qui évolue le deuxième jour vers un ulcère de forme circulaire. De petites vésicules de 1 à 3 mm peuvent apparaître, laissant alors écouler un liquide clair ou séro-sanglant contenant de nombreux bacilles. La lésion évolue vers une escarre noire et non douloureuse, souvent associée à un œdème local intense. L’escarre se dessèche et tombe en 1 à 2 semaines sans laisser de cicatrice.
Lymphangite, adénopathies douloureuses peuvent apparaître et la maladie peut évoluer vers un syndrome septicémique. Elle répond bien à un traitement antibiotique oral adapté. En l’absence de traitement, la létalité peut atteindre 20%. Avec traitement, elle est inférieure à 1%.

Forme gastro-intestinale

Elle débute par une gastro-entérite aiguë pouvant évoluer rapidement vers un syndrome septicémique avec diarrhée sanglante. Le décès peut survenir en quelques heures (létalité estimée entre 25 et 60%). Des formes oro-pharyngées avec adénopathies et œdème sous-glossien ont été décrites.

La confirmation du diagnostic de charbon peut être obtenue par :

  • l’isolement et identification de Bacillus anthracis à partir de prélèvements cliniques (hémocultures, écouvillon cutané, liquide cérébro-spinal, biopsies ganglionnaires, etc.) à effectuer avant toute antibiothérapie
  • amplification génique

La réalisation d’un antibiogramme doit être réalisée systématiquement afin d’adapter si besoin le traitement antibiotique.

Traitement

Le traitement du charbon repose sur l’association d’une antibiothérapie la plus précoce possible et de mesures médicales non spécifiques de prise en charge des symptômes, y compris si nécessaire en réanimation.