Leptospirose

La leptospirose est une zoonose bactérienne de répartition mondiale. En France la leptospirose est un enjeu de santé publique notamment dans les outre-mer où l’incidence y est élevée.  

Mis à jour le 22 janvier 2024

Leptospirose : données

Le dispositif de surveillance de la leptospirose mis en place par Santé publique France et le Centre national de référence de la leptospirose (CNR, Institut Pasteur) permet d’étudier les tendances et caractéristiques épidémiologiques de cette maladie. Il s’agit d’un réseau reposant sur les données de diagnostic du CNR et de son réseau de laboratoire. Depuis août 2023, la leptospirose a été inscrite dans la liste des maladies à déclaration obligatoire, rendant obligatoire le signalement de tout cas de leptospirose diagnostiqué sur l’ensemble du territoire.

Les résultats de surveillance de 2022 restent pour cette année encore issus des données du CNR de la leptospirose (Institut Pasteur) et de son réseau de laboratoire.  

Une incidence en augmentation en France hexagonale

596

cas diagnostiqués en France hexagonale en 2022

En 2022, 596 cas ont été diagnostiqués en France hexagonale par le Centre National de Référence (CNR) de la leptospirose et son réseau de laboratoires et l’incidence estimée était de 0,9 cas pour 100 000 habitants.  

En France hexagonale, la majorité des cas sont des hommes. Ainsi, en 2022, plus de 66 % des cas étaient des hommes. Comme les années précédentes, l’âge moyen était autour de 43 ans. De même, pour les cas documentés au niveau du CNR (environ 25 % des cas), la plupart des cas (90%) n’avaient pas effectué de voyage le mois précédant l'apparition des symptômes. Pour 10% des cas, un voyage était rapporté en région endémique (Amérique Latine, Asie, Antilles ou Océan Indien).  

Plus de 85 % des cas ont été diagnostiqués par PCR ou ELISA IgM, sans qu'il soit possible d'identifier le sérovar/sérogroupe en cause. Pour les cas diagnostiqués par le test MAT, le sérogroupe prédominant reste le sérogroupe Icterohaemorrhagiae (un tiers des cas).

Nombre et incidence annuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2006 à 2022 en France hexagonale, données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)

AnnéeNombre de cas Incidence pour 100 000 habitants
20061860,30
20073270,52
20083410,55
20091970,32
20102810,45
20112300,37
20123470,56
20133850,60
20146280,98
20156310,99
20165920,93
20176020,95
20185970,92
20196761,05
20204500,71
20217081,10
20225960,91

Une incidence qui varie selon la saison

La répartition annuelle des cas en France hexagonale confirme le caractère saisonnier de la leptospirose avec un maximum de cas identifiés entre juillet et août, malgré un pic moins prononcé pour 2022.

Figure - Distribution mensuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2011 à 2022 en France hexagonale, Données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)
Figure - Distribution mensuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2011 à 2022 en France hexagonale, Données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)

Une incidence qui varie selon les régions en France hexagonale

Il existe de fortes disparités géographiques de l’incidence des cas de leptospirose d’une année à l’autre. Outre des différences liées à l’écosystème, au climat, à la diversité des espèces potentiellement réservoirs, et à des activités et modes de vie, ces disparités géographiques d’incidence et ces variations d’une année sur l’autre peuvent être également liées au niveau de sensibilisation des professionnels de santé au diagnostic de la leptospirose et à un défaut de couverture du réseau de laboratoires dans certaines régions, ainsi qu’à une surveillance accrue dans certaines régions notamment à la suite d’épisodes de cas groupés. 

Pour l’année 2022, les incidences les plus élevées (>0,9 cas/100 000 habitants) étaient observées en Corse, Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine et Normandie. Au contraire, les régions Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts de France avaient les incidences les moins élevées (<0,9 cas/100 000 habitants).  

Au cours de la période estivale, les épisodes de cas groupés qui peuvent survenir sont investigués par Santé publique France, le CNR et les ARS concernées. Ces dernières années, il s’agissait majoritairement de cas groupés liés à des activités récréatives en eaux douces suite à des sorties canyoning, triathlon, kayaking ou activités de baignade. En 2022, aucun épisode de cas groupés n’a été signalé. Les mesures de prévention individuelle restent essentielles pour limiter le risque de contamination et doivent être appliquées au cours des activités récréatives en eaux douces (canyonings, rafting, kayaking, baignade…).  

Par ailleurs, depuis 2009, plusieurs cas de leptospirose ont également été diagnostiqués en France en lien avec la possession de rongeurs domestiques (rats et souris). Les personnes possédant des Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC), tels que des rongeurs, doivent être informées et appliquer des mesures d’hygiène strictes pour limiter le risque de contamination par les urines des animaux.

Carte - Incidences régionales des cas de leptospirose (nombre de cas/ 100 000 habitants) estimée par le CNR en France, 2022
Carte - Incidences régionales des cas de leptospirose (nombre de cas/ 100 000 habitants) estimée par le CNR en France, 2022

Une incidence plus élevée en Outre-mer

Dans les départements et collectivités d’Outre-mer, la leptospirose, endémique sur l’ensemble des territoires, est un problème de santé publique important avec des taux d’incidence beaucoup plus élevés que dans l’hexagone. L’incidence était de 22 (à La Réunion) à 90 fois (en Nouvelle Calédonie) plus élevée qu’en hexagone. On y retrouve également un caractère saisonnier avec l’apparition de pics épidémiques lors de la saison des pluies ou de phénomènes climatiques extrêmes tels que les ouragans.

Océan Indien

La Réunion

A La Réunion, un système de surveillance régional spécifique a été mis en place depuis 2004. Depuis 2016, une augmentation du nombre de cas est observée sur l’ensemble de l’île avec, en 2022, 169 cas déclarés correspondant à un taux d’incidence de 19,4 cas pour 100 000 habitants avec une saisonnalité marquée au cours de la saison des pluies, de janvier à mai, avec un pic en mars. Cette augmentation peut s’expliquer par une pluviométrie conséquente pendant ces années. En 2022, une pluviométrie record a été observée avec 2 cyclones tropicaux qui ont frappé l’île. Toutefois, d’autres facteurs liés à la conduite de la surveillance ont également pu y contribuer : suite aux épidémies de dengue depuis 2017, un recours plus fréquent aux tests diagnostiques différentiels chez des personnes présentant des syndromes évocateurs de dengue ; l’utilisation de PCR multiplex (recherche conjointe dengue/leptospirose) ; ou encore l’amélioration de la déclaration des cas de leptospirose en lien avec la sensibilisation des professionnels de santé.

Mayotte

A Mayotte, en 2022, selon le système de surveillance mis en place par la cellule régionale de Santé publique France, 131 cas ont été répertoriés (47 cas/100 000 habitants). Le pic de l’épidémie a été observé en avril pendant la fin de saison des pluies, habituellement de février à mai, avec des taux d’incidence plus élevés dans le centre et le sud de l’Île.    

Antilles-Guyane

Guadeloupe et Martinique

En 2022, le nombre de cas de leptospirose a été estimé respectivement à 28,5 et 40,0 cas pour 100 000 habitants en Guadeloupe et en Martinique, selon les données du Centre national de référence de la Leptospirose. En 2022, on observe une augmentation du nombre de cas en Martinique et une baisse en Guadeloupe. Le plus grand nombre de cas est retrouvé en fin de saison des pluies (décembre-janvier). Parmi les quelques sérums pour lesquels on peut identifier le sérogroupe, Icterohaemorrhagiae reste prédominant.  

Guyane

En Guyane, en 2022, le nombre de cas recensé est stable après 3 années d’une constante augmentation. Cette augmentation peut en partie s'expliquer par la sensibilisation croissante de la communauté médicale (LeTurnier, Mosnier et al. 2018). La grande majorité des cas a été diagnostiquée par ELISA IgM. Pour les quelques sérologies positives par MAT, il n’est pas possible d’identifier les sérogroupes infectants. De plus, aucune souche n'a été isolée en Guyane ces dernières années.