Le logement, déterminant majeur de la santé des populations. Le dossier de La Santé en action, n° 457, septembre 2021.

Santé publique France publie dans sa revue trimestrielle La Santé en action du mois de septembre 2021 un dossier consacré au logement, déterminant de santé majeur et levier important pour l’amélioration de la santé des populations. 

Publié le 18 novembre 2021

Pouvoir accéder à un logement décent est un droit fondamental et un déterminant de santé majeur, reconnu comme tel par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce numéro de La Santé en action propose une synthèse des connaissances scientifiques sur le mal-logement et présente des programmes visant à faciliter l’accès et le maintien dans un logement décent.

Le mal-logement : une cause possible de mortalité

130 000

décès estimés associés à des conditions de logements inadéquates chaque année en Europe

Selon l’OMS Europe, on compte chaque année en Europe près de 130 000 décès associés à des conditions de logements inadéquates. Au Royaume-Uni, il a été établi que la surmortalité hivernale est fortement liée aux caractéristiques du logement des populations. 

Le mal logement est également source de mortalité en période de canicule. En France, si l’on réhabilitait 600 000 logements inadaptés habités par des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté – il en coûterait 6,5 milliards d’euros –, cela engendrerait une baisse des coûts de santé de près de 500 millions d’euros par an. 

Stigmatisation et effets sur la santé mentale

Le fait d’habiter dans un logement dégradé conduit à un processus de stigmatisation, de dégradation sociale, de perte d’estime de soi. Les effets de la mauvaise qualité du logement et de sa suroccupation sur la santé mentale, l’anxiété, la dépression, l’agressivité ont été scientifiquement démontrés. 

Le mal logement a aussi un impact majeur sur la santé physique en favorisant la propagation des maladies infectieuses. La présence de moisissures constitue un risque pour la santé, notamment d’irritation et de symptômes respiratoires, particulièrement pour les personnes à risque. 

Les inégalités sociales de santé renforcées par le mal-logement 

La santé des populations est en lien étroit avec la qualité des logements et leur localisation. Certaines populations sont plus fragiles, comme les personnes âgées ou les enfants, et particulièrement sensibles aux conditions dégradées de leur habitation. Le logement est un important déterminant des inégalités sociales et territoriales de santé qui se cumulent lorsque le logement et l’environnement sont dégradés. 

Les inégalités sociales d’accès à un logement touchent particulièrement les jeunes générations, les femmes et certaines minorités comme les Gens du voyage qui, selon une étude récente, figurent parmi les plus mal logées (environnement pouvant être contaminé par des produits toxiques notamment). 

Des programmes prometteurs pour combattre le mal-logement

Plusieurs pistes d’actions en matière de mal-logement sont présentées, parmi lesquelles : 

  • Le Fonds national d’accompagnement vers et dans le logement, qui soutient les locataires et les demandeurs d’habitations à loyer modéré (HLM) en grande difficulté économique et sociale. Lire l’article.
  • Le programme "SOS Taudis" de la Fondation Abbé Pierre, qui vise à permettre aux ménages en situation de précarité de faire rénover leur logement et éviter l’expulsion. Lire l’article. 
  • En Seine Saint Denis, un collectif d’associations accompagne les personnes en situation de précarité dans leurs démarches pour accéder à un logement. Lire l’article.

Les collectivités et les agences régionales de santé (ARS) sont également des acteurs centraux dans la lutte contre l’habitat indigne : 

  • En Île-de-France, l’ARS Ile-de-France met en œuvre une stratégie de lutte contre l’habitat indigne comme dispositif d’« aller vers » les populations en leur rendant visite afin d’améliorer leurs conditions d’habitat dans une démarche de prise en compte de la santé globale. Lire l’article. 
  • Dans la métropole de Lyon, de petites maisons mobiles (« tiny houses ») ont été installées depuis le confinement en raison de la Covid-19 pour héberger des femmes avec leurs enfants et des mineurs. Lire l’article. 
  • À Besançon, les services d’hygiène urbaine luttent contre l’habitat insalubre, notamment en instaurant un « permis de louer » pour lutter contre les logements indignes. Lire l’article. 
  • En métropole et dans les départements d’outre-mer, notamment à La Réunion, le programme « Un chez soi d’abord » procure un accompagnement global et un logement pérenne aux sans domicile fixe, avec un programme spécifique pour les jeunes. Lire l’article. 

Mal-logement, Covid-19 et confinement

Ce numéro de La santé en action a une résonance toute particulière après 18 mois de crise sanitaire due au COVID-19, au cours desquels les différentes phases de confinement ont fait du logement l’espace de vie quotidien quasi exclusif des populations. 

Cette période a constitué une forme d’expérience et de prise de conscience collective du rapport que chacun peut entretenir avec son logement, et des impacts que celui ci peut avoir sur l’état de santé physique et psychique. En outre, la dynamique de l’épidémie de COVID-19 elle même est dépendante des conditions de vie et de logement (sur occupation, possibilité ou non de se protéger, de s’isoler, d’avoir recours à des points d’eau, des toilettes ou des douches individuelles) et de la densité de population du voisinage.

La crise sanitaire a particulièrement mis en évidence les liens entre logement et état de santé. Il apparaît que la configuration des logements a eu un impact significatif sur l’exposition des populations au virus puisque les phénomènes de sur occupation ont constitué des catalyseurs de la diffusion de la maladie.

Les périodes de confinement ont également pu bouleverser les équilibres quotidiens des ménages, mettant notamment en exergue des situations de violences familiales et/ou conjugales, des difficultés de conciliation des vies familiales et professionnelles, dont les traductions en termes d’état de santé sont nombreuses. 

À l’inverse, certaines populations ont pu bénéficier d’un environnement plus protecteur. Les choix – ou non choix – du lieu de résidence en amont des différents épisodes de confinement ont par ailleurs illustré l’importance qui peut être accordée au cadre de vie et à la recherche d’un environnement qui, s’il ne procure pas un bien être maximal, présente du moins le moins possible d’effets indésirables.

A télécharger

La Santé en action, Septembre 2021, n°457 Le logement, déterminant majeur de la santé des populations

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