Pollution de l’air et COVID-19 : audition de Santé publique France

Santé publique France a été auditionnée le 11 mai 2020 sur les liens entre la pollution atmosphérique et l’épidémie de COVID-19. L’occasion de rappeler que la reprise des activités ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’air, déterminant majeur de la santé. Santé publique France a également appelé à la prudence sur l'ensemble des données scientifiques produites sur le sujet depuis le début de l'épidémie, car les données nécessitent d'être consolidées.

Publié le 15 mai 2020

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Le 11 mai 2020, Sébastien Denys, directeur Santé environnement-travail, et Sylvia Medina, coordinatrice du programme de surveillance Air et santé, à Santé publique France ont été auditionnés par l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPECST) de l’Assemblée nationale en tant qu’experts de l’impact de la pollution de l’air sur la santé. 

Lors de cette audition, Santé publique France a pu rappeler les données existantes relatives à l’impact du confinement sur la qualité de l’air ambiant et présenter les travaux à venir sur les relations entre pollution de l’air ambiant et l’épidémie de COVID-19. Santé publique France a également souligné les données probantes permettant d’attirer l’attention des autorités pour que la reprise des activités soit compatible avec la protection de la santé des populations et, en particulier les plus vulnérables. 

Les travaux menés

  • La fédération Atmo France et les AASQA, partenaires régionaux du programme de surveillance Air et santé (Psas) de Santé publique France , ont publié une analyse en milieu urbain montrant qu’une baisse des concentrations en oxydes d’azote à proximité des axes routiers a été observée du 1er au 31 mars 2020. Pour d’autres polluants, comme les particules fines (PM), une telle baisse n’a pas été observée,  en raison notamment de la persistance de certaines émissions atmosphériques (un certain trafic routier, émissions industrielles ou liées aux épandages, émissions liées au chauffage…).
  • L’Ineris, également partenaire du Psas, a mené une analyse reposant sur les outils de simulation du système national PREv’air de prévision de la qualité de l’air. Cette analyse a montré que les concentrations de dioxyde d’azote, très largement émis par le trafic routier et les activités industrielles, étaient inférieures de près de 50% en moyenne dans les plus grandes villes françaises, par rapport aux niveaux attendus.

Axes et pistes de travail abordés sur les liens entre pollution de l’air et Covid-19

Parmi les questions relatives au lien entre la pollution de l’air et l’épidémie de Covid-19, deux axes relèvent des missions de Santé publique France :

  1. l’estimation de l’impact sur la santé des variations constatées de la pollution de l’air du fait des mesures de confinement
  2. le rôle de la pollution atmosphérique dans le développement d’une vulnérabilité accrue de certaines populations au Covid-19

Pour ces deux axes, Santé publique France a adapté sa programmation 2020-2021 afin de mener des travaux pour :

  • estimer les impacts à court terme et long terme des baisses de pollution atmosphérique ambiante occasionnés par les mesures prises pour limiter la propagation du virus
  • étudier le lien entre l’exposition à long terme aux particules fines et le risque de décès et d’hospitalisation pour Covid-19

Ces travaux seront menés en lien avec l’ensemble des partenaires du programme de surveillance Air et Santé (Psas) et des partenaires internationaux de Santé publique France.

La pollution de l’air reste un facteur de risque aggravant pour la population dans le cadre de l’épidémie de COVID-19

Santé publique France a rappelé que les études récentes, publiées pendant la période de confinement, montrant une augmentation du nombre de cas et de décès par Covid-19 dans les zones plus polluées sont peu nombreuses et doivent être considérées avec prudence. 

En revanche, les données acquises depuis plus de 20 ans par Santé publique France et par le biais d’autres travaux publiés dans la littérature sur d’autres épidémies ont permis de rappeler que l’exposition à court et long terme à la pollution atmosphérique est un facteur de risque à l’origine de maladies aiguës et chroniques respiratoires et cardiovasculaires, et que la pollution favorise l’inflammation et diminue la réponse immunitaire de l’organisme face aux infections. Il est donc raisonnable de considérer la pollution de l’air comme un co-facteur de morbi-mortalité par COVID-19.

Ainsi, et indépendamment des nombreuses questions qui demeurent encore aujourd’hui ouvertes sur la question des liens entre pollution de l’air et Covid-19, Santé publique France a attiré l’attention de l’OPECST sur l’impact potentiel que peut engendrer une reprise brutale de l’activité sur la santé des populations les plus vulnérables. Une attention particulière de la part des pouvoirs publics, est nécessaire afin de maîtriser les émissions liées à la reprise et d’éviter l’impact sur la santé.