Imprégnation de la population française par l'arsenic. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016

Publié le 1 juillet 2021
Mis à jour le 6 septembre 2021

En raison de l'existence naturelle dans l'environnement de l'arsenic et de ses nombreuses applications industrielles ou agricoles, celui-ci est fortement présent dans notre environnement. Par ailleurs, le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) a classé l'arsenic et ses composés dans le groupe 1 des agents cancérogènes pour l'homme. Il a également de nombreux effets non cancérogènes.En France, l'Étude nationale nutrition santé, ENNS avait permis d'estimer les niveaux d'imprégnation par l'arsenic total et l'arsenic inorganique et ses deux métabolites en population générale adulte, en 2006-2007. Toutefois, aucune étude jusqu'à présent n'avait mesuré ces composés dans la population des enfants hormis certaines situations locales de sites et sols pollués. Depuis, l'étude transversale Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) a permis de mesurer les niveaux d'imprégnation par l'arsenic total (As T) et l'arsenic inorganique et de ses deux métabolites (Asi + MMA + DMA) de la population française continentale âgée de 6 à 74 ans entre avril 2014 et mars 2016. Les taux de quantification étaient de 100% aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Les moyennes géométriques étaient, respectivement pour l'As T et l'Asi + MMA + DMA de 27,7 et 8,2 µg/g de créatinine chez les adultes et de 17,7 et 5,4 µg/g de créatinine chez les enfants. La recherche des déterminants de l'exposition a confirmé les facteurs d'exposition connus dans la littérature : consommation de poissons et consommation de crustacés et mollusques.Les niveaux mesurés chez les adultes étaient similaires pour l'As T mais plus élevés pour l'Asi + MMA + DMA que ceux mesurés dans l'étude ENNS en 2006-2007. La sur-imprégnation de la population adulte française par l'As T comparativement aux pays nord-américains avait également déjà été mise en évidence dans l'étude ENNS. Toutefois, les niveaux retrouvés sont inférieurs à ceux qui peuvent être mesurés en Asie. Cet écart et le fait que celui-ci soit réduit lorsque l'on mesure l'Asi + MMA + DMA pourrait s'expliquer par une consommation de produits de la mer (source d'exposition connue de l'arsenic) plus importante en France que dans les pays nord-américains ou du nord de l'Europe. Étant donné les effets sanitaires de l'arsenic et de ses composés, il serait souhaitable de réduire les expositions. Les valeurs de référence d'exposition construites à partir de cette étude pourraient permettre d'appuyer une stratégie des pouvoirs publics.

Auteur : Fillol Clémence, Balicco Alexis, Oleko Amivi, Gane Jessica, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication : 2021
Pages : 49 p.
Collection : Études et enquêtes