Comment réduire les risques liés à la pollution de l'eau ?

Connaître le risque lié à la ressource hydrique, corriger la qualité de l'eau avant de la distribuer, évaluer les risques sanitaires permettent de réduire les risques liés à la pollution de l'eau

Publié le 15 octobre 2021

Le risque microbiologique bactériens et les risques chimiques associés aux pollutions des sources d’eau sont aujourd’hui considérablement réduits en France, grâce à la mise en place d’un ensemble de barrières entre la source d’eau et le robinet du consommateur : 

  • périmètres de protection autour des points de captages d’eau destinés à la production d’eau potable,
  • filières de traitements adaptées,
  • procédés de désinfection,
  • conception et entretien des réseaux de distribution.

Connaître le risque lié à la ressource hydrique

Si les villes disposent de moyens de surveillance de la qualité de l’eau et de traitements adaptables à d’éventuelles dégradations de la qualité, ce n’est pas toujours le cas des petites communes qui exploitent majoritairement des eaux souterraines, généralement de meilleure qualité que les eaux de surface, mais ne peuvent assumer le coût des traitements sophistiqués en cas de pollution de la ressource. 

Les eaux montagnardes souvent mal filtrées par un sol peu profond et un sous-sol fissuré, peu ou pas traitées et parfois distribuées par des réseaux vétustes, présentent un risque microbien élevé comparativement aux eaux distribuées dans les villes. De plus, ce risque peut être fortement accru en cas de fortes précipitations. Les épisodes de ruissellement provoquent une dégradation de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines mal protégées.

Enfin, les puits privés présentent un risque élevé de pollution : zones volcaniques soumises à la présence d’arsenic, nappes phréatiques peu profondes très vulnérables aux pollutions microbiologiques ou chimiques. Le suivi de la leur qualité incombe au propriétaire et ni leur qualité, ni leurs usages (alimentaire, arrosage) ne sont bien connus.

Corriger la qualité de l’eau brute avant de la distribuer

En dehors des ressources profondes bien protégées, la qualité de l’eau brute nécessite d’être corrigée avant d’être livrée à l’alimentation humaine afin de respecter les dispositions du code de la santé publique. On distingue schématiquement deux types de traitement : 

  • la clarification par décantation ou par filtration,
  • la désinfection, le plus souvent par l’ozone ou le chlore.

Les pannes ou les dysfonctionnements du traitement entraînent un risque d’épidémie si l’eau brute est contaminée. Le développement des sondes de mesure (turbidité des eaux brute et traitée, chlore dans l’eau traitée) et des téléalarmes est un important facteur de sécurité.

Les conditions de distribution influent aussi sur la qualité de l’eau distribuée. L’accident le plus redouté est le « retour d’eau usée » dans le réseau, qui résulte de la conjonction d’un branchement non protégé alimentant une station d’épuration et d’une baisse de pression dans le réseau d’eau potable.

Surveiller le risque hydrique et évaluer les risques sanitaires

Plusieurs approches sont apparues successivement pour le contrôle du risque d’origine hydrique.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, des épidémies de choléra et de typhoïde sévissaient partout en Europe, faisant chaque année des milliers de victimes. Les travaux de Snow en Grande Bretagne et de Pasteur notamment ont contribué à la prise de conscience de l’implication de l’eau dans la dissémination de ces épidémies. C’est pourquoi, dès la fin du 19e siècle, des réseaux d’eau potable furent construits dans les grandes villes comme Paris et Lyon permettant d’amener l’eau au domicile des habitants, tandis que la construction d’égouts répondait au besoin d’évacuer les eaux usées. Le contrôle de l’eau distribuée a été instauré en France dès le début du 20e siècle. 

Aujourd’hui, en France, la gestion des risques sanitaires liés à la pollution de l’eau et le contrôle du respect de la réglementation relèvent du ministère chargé de la Santé et des Agences régionales de santé (ARS). L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) est chargée de l'évaluation des risques et de l’appui à la gestion, tandis que Santé publique France est chargée de la surveillance épidémiologique et de l’alerte sanitaire. 

Une soixantaine de composés font actuellement l’objet d’une réglementation. Cependant, en dépit des progrès analytiques, il est impossible d’analyser en routine l’ensemble des toxiques et des micro-organismes pathogènes, les délais d’analyse sont parfois incompatibles avec la gestion immédiate des contaminations de l’eau.

La démarche d’évaluation quantitative des risques, apparue dans les années 1980, permet d’évaluer les risques imputables aux agents pour lesquels on connaît la relation dose/effet et les concentrations dans l’eau distribuée. De fait, cette approche ne peut servir que pour un petit nombre d’agents et de situations.