Perturbateurs endocriniens

Les molécules qualifiées de perturbateurs endocriniens sont en augmentation et leur présence est ubiquitaire dans l’environnement. Leurs effets sur la santé humaine sont encore mal connus mais ils sont aujourd’hui largement suspectés de contribuer à de nombreuses pathologies chroniques ou développementales.

Mis à jour le 28 février 2022

Perturbateurs endocriniens : notre action

La France a été le premier pays dans le monde à lancer, en 2014, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE), avec l’objectif de réduire l’exposition de l’environnement et de la population à ces substances. L’adoption en 2019 de la SNPE 2 confirme l’implication de la France sur le sujet des perturbateurs endocriniens et sa volonté de renforcer le travail déjà engagé. Partie intégrante du quatrième Plan national santé environnement (PNSE 4) et placée sous pilotage interministériel des ministères chargés de l’environnement et de la santé, elle structure la vision et l’action du gouvernement sur les perturbateurs endocriniens. 

Une démarche de surveillance et d’analyse au niveau national

Santé publique France pilote trois types d’actions dans le cadre de la SNPE 2 et du PNSE 4 : 

  1. Surveillance épidémiologiques d’indicateurs sanitaires visant à décrire des effets sur la santé en lien avéré ou suspecté avec les perturbateurs endocriniens.
  2. Surveillance des imprégnations des populations dans le cadre du programme national de biosurveillance incluant le dosage de biomarqueurs d’expositions aux substances suspectées d’être à l’origine de perturbations endocriniennes, qui ont été identifiées comme prioritaires.
  3. Prévention adaptée pour contribuer à la réduction des expositions, notamment pour les populations à risque (1000 premiers jours).

Surveillance épidémiologique des effets sur la santé des perturbateurs endocriniens

Santé publique France assure depuis 2015 la surveillance épidémiologique de certains indicateurs de la santé reproductive. La collaboration avec le réseau international Hurgent en 2016 a permis d’effectuer une priorisation des indicateurs clés pour la santé reproductive et de sélectionner un jeu d’indicateurs à surveiller prioritairement. 

Ainsi, plusieurs indicateurs sanitaires font déjà l’objet d’une surveillance à partir de bases de données sanitaires existantes : 

  • les quatre indicateurs du syndrome de dysgénésie testiculaire (cryptorchidie, hypospadias, qualité du sperme et cancer du testicule) ;
  • la puberté précoce centrale idiopathique ;
  • l’endométriose ;
  • le fibrome utérin.

Les associations entre exposition aux perturbateurs endocriniens et effets sur la santé sont toujours discutées et les niveaux de preuves évoluent régulièrement. C’est la raison pour laquelle Santé publique France souhaite adapter la surveillance en lien avec les perturbateurs endocriniens, en intégrant les nouvelles connaissances scientifiques sur les effets des PE sur la santé (atteintes neurologiques, troubles métaboliques, troubles cutanés, etc.) : étude de Priorisation des effets sanitaires pour le programme de surveillance en lien avec les perturbateurs endocriniens de Santé publique France (PEPS’PE). Une grande consultation d'experts et de parties prenantes a été lancée dans ce contexte en novembre 2021.

L’estimation des effets des PE sur la santé humaine est rendue très difficile en raison de nombreuses interrogations sur leurs mécanismes d’action, la multiplicité des substances concernées et des voies d’exposition, et sur les fenêtres d’exposition critiques. La déclinaison du concept d’exposome à la surveillance implique de combiner l’ensemble des données disponibles et différentes approches méthodologiques. Les méthodes d’évaluation du fardeau environnemental et du coût des maladies permettent d’utiliser conjointement des données d’incidence, de biosurveillance et des relations épidémiologiques pour estimer des cas attribuables pour des couples facteur de risque (polluant)/pathologie et de les traduire en coût économique. L’articulation de ces différentes méthodologies et outils dans une démarche globale constitue des perspectives intéressantes pour identifier in fine des stratégies et des actions de prévention efficaces dans un contexte d'incertitude et de connaissances lacunaires.

Surveillance de l’imprégnation des populations par le programme national de biosurveillance

Concernant l’imprégnation de la population française, le Programme national de biosurveillance a pour objectif de répondre aux enjeux de santé publique prioritaires suivants : 

  • La description des niveaux d’imprégnation de la population, afin d’établir des valeurs de référence nationales
  • Le suivi dans le temps des niveaux d’imprégnation au niveau national (par répétition des enquêtes).

Il permet d’aider au pilotage des politiques publiques, en permettant le suivi et l’évaluation de l’efficacité ou de l’impact des stratégies de réduction d'exposition.
Le volet périnatal du programme national de biosurveillance correspond à l’analyse des biomarqueurs pour les mères incluses en 2011 dans la cohorte Elfe

Le volet environnemental de l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) a permis, pour la première fois en France, de mesurer les concentrations biologiques de plusieurs polluants de l'environnement, dont certains sont des perturbateurs endocriniens, sur un échantillon représentatif de la population.

L’étude Esteban (Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) a permis, pour la première fois en France, de mesurer les concentrations biologiques de plusieurs polluants de l'environnement, dont certains sont des perturbateurs endocriniens, sur un échantillon représentatif de la population des enfants (6-17 ans), de mesurer de nouvelles substances par rapport à ENNS et de mesurer l’évolution de l’exposition aux substances qui avaient déjà été mesurées dans ENNS chez les adultes.

Prévention adaptée pour contribuer à la réduction des expositions

Dans le cadre de la santé périnatale, l’approche de promotion de la santé porté par Santé publique France vise à favoriser la construction d’environnements favorables à la santé des enfants et aux adultes qu’ils deviendront pour répondre à leurs besoins fondamentaux pour grandir en santé. Notre action, qui porte sur les 1000 premiers jours de vie, permet en outre de s’engager significativement pour la réduction des inégalités sociales de santé. 

Pour cela plusieurs axes sont développés : le recensement et le soutien au déploiement d’interventions probantes de terrains visant à permettre aux parents, qui en ont besoin particulièrement lorsqu’ils présentent des vulnérabilités psycho-sociales, de mobiliser leurs ressources et leur compétences parentales. Par ailleurs leur donner accès à de l’information fiables sur la période peut leur permettre d’agir de façon bénéfique pour leur santé. Pour cela, Santé publique France a mis en ligne le 15 septembre 2021 un site à destination des parents et futurs parents : https://www.1000-premiers-jours.fr. Ce site est construit pour répondre aux besoins d’information relatifs aux connaissances scientifiques sur la période des 1000 premiers jours. 

Dans ce site, l’environnement physico-chimique est appréhendé par deux entrées ; des pages expliquant les enjeux de l’exposition à un certain nombre de facteurs (substances chimiques nocives, perturbateur endocriniens…), un « outil en pratique » permettant aux futurs parents d’agir au quotidien pour aller vers une sobriété d’exposition chimique au regard des risques relatifs à l’exposition des mères et futures mères aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse.

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