Changement climatique

Le changement climatique contribue à modifier rapidement et profondément l’environnement. Les impacts sur la santé du changement climatique sont nombreux et variés.

Mis à jour le 8 avril 2022

Changement climatique : notre action

Parce qu’il modifie un grand nombre de déterminants fondamentaux de la santé, le changement climatique est identifié comme un des plus grands risques pour la santé publique partout dans le monde. 
Dans ce contexte, la mission de Santé publique France s’articule autour de deux axes principaux : surveiller les évolutions des risques sanitaires et développer des axes d’adaptation. Ainsi, Santé publique France permet de mieux comprendre ces impacts sanitaires et de les réduire.

La surveillance des risques sanitaires

Évaluation de l’efficacité des programmes de surveillance et d’alerte actuels, tels que le Sacs et la participation à l’évaluation du PNC

Les différents systèmes de surveillance mis en place par Santé publique France ont souvent été développés sans prendre en compte le changement climatique. Ainsi, Santé publique France s’attache à évaluer dans quelle mesure ses programmes de surveillance et d’alerte seront toujours efficaces pour détecter des événements de santé dans un contexte de changement climatique. 

Par exemple :

  • La mise en place depuis 2004 du système d’alerte canicule et santé (Sacs) et la participation au Plan national canicule permettent d’anticiper les vagues de chaleur et de réduire leur impact. La période de surveillance du système d’alerte canicule et santé a déjà dû être allongée jusqu’au 15 septembre pour tenir compte des évolutions climatiques.
  • Les retours d’expériences réalisés après des événements extrêmes, inondations dans le Gard en 2001, ouragan Dean en Antilles Guyane en 2007… sont utilisés pour améliorer la réponse épidémiologique à ces événements et mieux comprendre les impacts sur la santé des personnes touchées.

Évaluation des impacts futurs

Santé publique France collabore avec des chercheurs de plusieurs disciplines pour imaginer et modéliser les évolutions possibles des risques dans les années à venir.
La recherche sur les impacts sanitaires potentiels du changement climatique doit s’appuyer sur des preuves épidémiologiques documentant les risques à l’échelle mondiale. Les études multicentriques sont adaptées à cette fin, mais elles présentent diverses difficultés méthodologiques et organisationnelles.

Le réseau collaboratif international multi-pays multi-ville (Multi-Country Multi-City – MCC)

Le MCC est un réseau de collaboration internationale visant à produire des connaissances épidémiologiques sur les associations entre des paramètres météorologiques, climatiques et sanitaires, afin de développer les connaissances globales sur les impacts sanitaires du changement climatique. Le MCC a rassemblé la plus grande base épidémiologique jamais constituée pour étudier les effets de facteurs environnementaux sur la santé. Elle permet de mieux comprendre l’influence de facteurs climatiques sur la santé, et de modéliser les impacts à venir. Par exemple, les travaux de ce réseau ont montré qu’en France la mortalité attribuable à la chaleur serait de 1,7% sous un réchauffement global de +1,5°C vs 2,4% sous un réchauffement de +2°C, et 6,5% sous un réchauffement de +4°C.

A lire aussi

Temperature-related mortality impacts under and beyond Paris Agreement climate change scenarios

Télécharger

Le projet AC-HIA

Le projet A-C HIA a rassemblé des modélisateurs de la qualité de l’air et du climat à différentes échelles, pour évaluer les impacts futurs de la pollution de l’air, en tenant compte des évolutions climatiques, et de deux scénarios d’évolution des émissions des polluants développés par la Commission européenne. Une des plus-values du projet a été de produire de manière cohérente des résultats pour les échelles mondiales, européennes, et pour la région Ile-de-France.

A l’échelle globale, le projet s’est intéressé aux évolutions de PM2.5 et de l’ozone qui découleraient de l’application des scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre utilisés par le Giec. Les effets de ces polluants sur la mortalité cardiovasculaire et respiratoire ont ensuite été estimés en 2030 et 2050 pour un scénario d’émissions croissantes (RCP8.5) et pour un scénario de réduction des émissions (RCP2.6).
Les résultats montrent que dès 2030, le scénario le plus favorable (RCP2.6) peut se traduire par près de 70 000 décès cardiovasculaires retardés chaque année, alors que le scénario défavorable (RCP8.5) verrait la mortalité cardiovasculaire augmenter de plus de 400 000 décès chaque année dans le monde.  Quel que soit le scénario, la mortalité respiratoire augmenterait de plus de 12 000 décès par an pour le scénario RCP2.6, et de plus de 60 000 décès par an pour le scénario RCP8.5. A titre de comparaison, en 2030, l’OMS prévoit que les accidents de la route causeront 1.8 millions de décès par an. Les impacts sanitaires sont également très variables régionalement, l’Asie et l’Afrique connaissant les augmentations de mortalité les plus importantes.

Le passage à l’échelle européenne a permis de prendre en compte des politiques plus spécifiquement dédiées à l’amélioration de la qualité de l’air. Le projet a, par exemple,  comparé les impacts sanitaires d’un scénario correspondant à l’application de la législation actuelle (CLE) et un scenario dans lequel les émissions baissent de manière plus importante grâce à l’utilisation de technologies moins polluantes (MFR). Dans ces deux scénarios, les niveaux de PM2.5 et d’ozone baisseraient de manière importante entre 2010 et 2030.
Pour l’ozone, les niveaux remontent entre 2030 et 2050 à cause de la ‘pénalité climatique’, le changement climatique étant défavorable à la pollution à l’ozone. Les bénéfices sanitaires associés à la baisse des niveaux de particules fines peuvent être considérables : plus de 200 000 décès cardiovasculaires retardés chaque année pour le meilleur scenario. Ils sont particulièrement importants pour l’Europe de l’Est. En France, entre 12 000 (meilleur scenario) et 7 000 décès cardiovasculaires (plus mauvais scenario) pourraient ainsi être retardés chaque année.
A titre de comparaison, en 2013 en France, 3 250 décès ont été causés par des accidents de la route. Les évolutions des niveaux d’ozone devraient également se traduire par une amélioration de la santé respiratoire, les bénéfices principaux étant cette fois observés dans le Sud de l’Europe. Quelques zones du Nord de l’Europe devraient par contre subir une augmentation des concentrations d’ozone, pouvant représenter par exemple jusqu’à 200 décès respiratoires par an au Royaume-Uni.

Des évolutions similaires sont attendues en Ile-de-France, où l’application du scénario le plus ambitieux en matière de réductions des émissions polluantes pourrait se traduire par plus de 2 800 décès cardiovasculaires retardés chaque année en Ile-de-France en 2050.

Une action de plaidoyer

Dans le cadre de sa mission de prévention, Santé publique France a mis en place ou participé à plusieurs dispositifs de réflexion sur le changement climatique.

Réalisation d’un atelier international sur le changement climatique et la santé

En 2015, Santé publique France s’est investi auprès du ministère de la Santé pour renforcer la prise en compte de l’impact du changement climatique sur la santé. 

Les 8 et 9 juin 2015, Santé publique France a réuni des scientifiques français et étrangers pour débattre de l’utilisation des connaissances actuelles relatives aux effets sanitaires du changement climatique, de l’adaptation et de l’atténuation.
Un certain nombre de points sont ressortis de cette réunion. 

  • le changement climatique a d’ores et déjà des impacts notables sur la santé via les effets directs et indirects de l’augmentation des températures et des évènements climatiques extrêmes. Le changement climatique contribue également aux inégalités de santé, et est un frein au développement socio-économique. Par exemple, les très fortes chaleurs rendent déjà l’activité physique et le travail très pénible dans certaines régions du monde fortement peuplées.
  • ces impacts vont augmenter de manière exponentielle, avec des conséquences majeures sur les systèmes de soins. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’en 2030 l’influence du changement climatique sur la malnutrition, les diarrhées et la chaleur représentera déjà plus de 250 000 décès par an dans le monde. Ces estimations ne prennent de plus pas en compte les impacts indirects du réchauffement, tels que difficultés d’accès à des ressources fondamentales, perte de productivité agricole, incapacité du travail en extérieur ou en intérieur non climatisé, pauvreté…
  • l’adaptation est essentielle pour réduire les impacts présents, tout en se préparant à affronter les risques futurs. Elle doit s’appuyer en premier lieu sur des systèmes de santé résilients. Des évaluations interdisciplinaires de l’efficacité des mesures déjà en place pour réduire les impacts de la chaleur et des évènements climatiques extrêmes, sont nécessaires pour sélectionner les stratégies les plus efficaces et allouer au mieux les ressources. 
  • sans une réduction de l’amplitude du changement climatique à venir, les solutions technologiques ne pourront pas, à elles seules lever les limites de l’adaptation, et donc protéger la santé des générations futures.
  • les politiques d’atténuation peuvent avoir des répercussions importantes sur la santé publique, en présentant des synergies négatives ou positives. Des évaluations des impacts sanitaires potentiels sont donc indispensables pour éviter des politiques d’atténuation néfastes à la santé.
  • la santé peut être un levier pour des changements de comportements contribuant à l’atténuation et promouvant une amélioration de la santé individuelle et collective, via par exemple la promotion des transports actifs, d’une alimentation plus équilibrée… 
  • les mesures d’adaptation et d’atténuation des conséquences sanitaires du changement climatique doivent faire preuve de solidarité et viser à réduire les  inégalités sociales de santé aux niveaux locaux (par exemple, au sein d’une ville) et globaux.
  • les coopérations interdisciplinaires et internationales pour poursuivre la recherche opérationnelle sur le changement climatique et ses effets sur la santé sont nécessaires pour intégrer les problématiques sanitaires, démographiques, politiques, des modes de vie et de comportements spécifiques à différents pays. 

Participation à la concertation nationale pour un 2nd plan d’adaptation au changement climatique

Avec son deuxième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-2), la France souhaite s’adapter de manière effective à une hausse de températures de +1,5 à 2 °C entre le XIXe et le XXIe siècles, au niveau mondial.

Des évolutions importantes sont proposées à travers ce deuxième Plan national d’adaptation au changement climatique. Elles concernent notamment un meilleur traitement du lien entre les différentes échelles territoriales, le renforcement de l’articulation avec l’international et le transfrontalier et la promotion des solutions fondées sur la nature.  Ce plan s’est appuyé sur une concertation nationale qui a mobilisé près de 300 participants entre l’été 2016 et l’été 2017 pour proposer 34 fiches thématiques, dont une fiche intégralement consacrée à la santé publique.

Par ailleurs, afin d’informer les professionnels de santé, Santé publique France a publié un rapport sur les enjeux des impacts sanitaires potentiels du changement climatique, un numéro thématique du BEH ‘Identifier et surveiller les impacts sanitaires du changement climatique pour s’y adapter’ et une synthèse ‘s’adapter à la chaleur dans un contexte de changement climatique’. 

A lire aussi

rapport/synthèse

Impacts sanitaires du changement climatique en France. Quels enjeux pour l'InVS ?

article

Identifier et surveiller les impacts sanitaires du changement climatique pour s'y adapter [Editorial]

vignette-rapport-synthese

S'adapter à la chaleur dans un contexte de changement climatique